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AN.1564

Zacharie Ursin de Silesie, Gaspard Olerian de Treves, & Pierre Dathen ; les deux conseillers, le chancelier Christophle Ehem, & un medecin nommé Thomas Eraite, avec Guillaume Xilander professeur en grec, qui devoit fervir de secretaire. Les principaux tenans de la dispute devoient être Brentius pour les Lutheriens, & Bouquin pour les Zuingliens, la ma

tiere de la conference étoit l'euchariftie. CIX. Bouquin foueint d'abord que Jesus-Christ n'éConferen, toit point présent dans l'eucharistie, & qu'il ne ce de Maule pouvoit être reçu par les impies ni par les prodes deux

phanes, que la cene n'étoit que la memoire partis. de la mort du Sauveur , & que Jesus-Christ n'é

De Thow, tant mort que pour les justes, n'étoit mange ir bif.), 36, que par eux.

Brentius repliqua que cette opin. 1564.

nion étoit insolltenable, en ce qu'elle retranchoit tout le fruit qui le pouvoit tirer de l'eucharistie, & qu'elle otoit absolument la necessité de la recevoir. Car fi d'un côté, disoitil le corps & le fang de Jesus-Christ n'y étoient pas, & fi de l'autre le même Jesus-Christ n'avoit souffert que pour les fidéles, les méchans n'en devoient point approcher du tout, & les bons n'en devoient approcher que par bienséance, puisqu'ils avoient déja par la foi toute l'assurance de leur falut , qu'ils pouvoient desirer , & que d'ailleurs il ne leur arriveroit aucun avantage nouveau en se presentant à l'euchariftie. Le Calviniste repartit & fit voir les prétendûes absurditez, qui s'ensuivoient du fentiment de Brentius, & de la difpute degeDera tellement en invectives & en injures, que l'électeur & le duc fatiguez se retirerent, en pretextant quelques affaires qu'ils avoient dans leurs états. Cette 'conference qui dura sept jours, & qui n'avoit été établie que pour unir les deux partis, causa dans la suite une plus grande désunion.

Les actes qu'Oliander en publia pour les Lu

theriens furent fi differens de ceux de Xilander

AN.1564 en faveur des Calvinistes., que tout ce qu'on сх. en put conclure, fut qu'on n'étoit convenu de

Chaque rien. Brentius mit au commencement des actes parti s'aco des Lutheriens une lettre qui reprochoit aux tribue la Calvinistes l'excès de leur impudence & de &Ton na

&, leur vanité ; & les Calvinistes accuserent à leur conclut tour Brentius de mensonge & de mauvaise foi. rien. Ils prétendirent que les Lutheriens les avoient Spond as traitez de freres , & les Lutheriens repliquerent Supriado qu'ils n'avoient garde de reconnoître pour freres ceux à qui même ils ne voudroient pas donner place dans leurs églises, & qu'ils chaffoient de leur communion comme poffedez du malin esprit, & comme ennemis de Jesus-Christ, Brentius, dont on vient de parler , a passé pour le premier auteur de l'ubiquité, parce que ne pouvant souffrir la doctrine de la transubstantiation, & croyant la vraye presence de Jesus-Christ dans l'eucharistie, il publia que le corps de NôtreSeigneur étoit partout, ubique, par union personnelle ; d'où ses disciples furent appellez Ubiquitaires.

au mois d'Août de cette année 1564. les СХІ; Jesuites se voyant enfin approuvez en France, Les Jesuis s'adresserent à Julien de faint Germain, qui tes cométoit pour lors recteur de l'université de Paris, mencent

! à ouvrir lequel de son propre mouvement, & sans con- leur colles ! sulter les facultez, leur donna des lettres d'im- ge à Paris, matriculation sous le sceau privé du recteur le Jarinini dix-neuviéme de Septembré. En conséquence bil Sories,

Selo lib. 8: de ces lettres, ils ouvrirent leur college à qui

». 78. ils donnerent le nom de college de Clermont de De Then, la societé de Jesus, c'étoit une grande maison qu'on appelloit la cour de Langres, dans la ruë D'Argent. faint Jacque, ils l'avoient achetée l'année pre- de novis

colleet justo cedente, des legs de l'évêque de Clermont errorib. 6. s; fils du chancelier du Prat. Ils commencereni p. 348• à y faire des leçons publiques le premier jour

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A.1564

d'Octobre 1564. Les premiers professeurs qu'ils
y établirent, furent Michel Vanege pour y en-
Teigner les humanitez, & Jean Maldonat pour
la philosophie ; & ils eurent d'abord un grand
pombre d'écoliers. Ce dernier étoit Espagnol,
Dé à Fuente-del-Maestro, petit village de l'Estra-
madure, & il avoit étudié à Salamanque avec
fucccs fous Dominique Soto Dominiquain
Tous François Tolet Jesuite , avant que d'être
appelle à Paris. Mais à peine eurent-ils com-
mencé leurs leçons, que les oppositions se re-
nouvellereat. Jean Prevôt, qui se trouvoit
recteur de l'Université au mois d'Odobre,
la place de Julien de faint Germain, leur dé-
fendit tout exercice de classe, jusqu'à ce qu'ils
eulent fait connoître par quel droit ils entre-
prenoient de profeffer. Son ordonnance est du

vingtiéme d'odobre. CXII. Les deputez de la faculté de theologie de Paris, Ermen de quelques

nommez pour l'examen des matieres qui apparpropoli

tenoient à la foi , s'afiemblerent, le deuxième tione de si. de Mars de cette année à l'occasion de quelques mon Vigor. propositions avancées dans un sermon prêche

par Simon Vigor docteur de la même faculté. Bré st Sopr. On l'accufoit d'avoir dit. 1o. Que le baptême 4.2.P. 340.

conferé par les héretiques & sur-tout par les Calvinistes, ne sert de rien pour le falut. 20. Que les Apôtres ne donnoient point le Saint-Esprit, & qu'on ne lit point, qu'ils ayent reçû ce pouvoir , quoiqu'ils pullent prier Dieu de l'envoyer. 3o. Qu'on n'invoque par les Saints dans le canon de la messe, & qu'on fait seulement memoire d'eux. 4°. Qu'on ne sçauroit entrer en paradis, fans parler le purgatoire, quelque faint qu'on ait été; que faint Pierre ; faint Paul, & même saint Jean-Baptiste n'en avoient pas été exempts. 5o. Que ce feroit une idolâtrie de croire qu'il y eut divinité dans la sainte Vierge , quand même on ne se mettroit pas à genoux pour l'adorer. 6o. Que les Huguenots de baptisent point

D' ATJCH.

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ad falutem, & qu'il faut rebaptiser ceux qu'ils ont baptisez. 7o. Que les Calvinistes ne bapti. An.1564 sent point, parce qu'ils ne croyent pas , non plus que ceux qui portent l'enfant, ni l'enfant mê me, 8'. Qu'il n'y a que le sacrement de baptême, qui soit donné pour la remislion des pechez. 9. Que lorsqu'il est dit que nôtre-Seigneur est descendu aux enfers, il ne faut point entendre que sçait été pour en délivrer les peres , qui n' point en un lieu de douleur. 10. Que les limbes sont en paradis, au ciel, non où est Dieu, mais plus bas. -11°. Que les mages étoient méchang, forciers, magiciens, mais que Dieu les avoit retirez. 12o. Que pour obtenir les in. dulgences il n'étoit pas plus necessaire de jeûner que de prier, l'intention du pape n'étant pas d'en faire un precepte : On l'accusoit encore d'avoir dit plusieurs fois dans ses sermons, ce grand Origene, ce faint Origene, ce faint Tertullien. On ignore fi la faculté censura ces propofitions ; su moins

is n'en trouve-t'on point la censure. Le nouveau testament parut dans cette an

CXIII. née en syriaque pour la premiere fois, par les Edition de soins de Jean-Albert Widmanftadius juriscon- nouveau sulte & chancelier des provinces de l'Alltriche testament Orientale. Cet éditeur en avoit fait

en langue

syriaque. cer l'impression à Vienne en Alltriche en très-Spond hora beaux Caracteres dès 1562. aux depens de l'em- *. 3.

Ferdinand. Il avoit eu cet exemplaire verbis Dei pereur

Bellarm. de lyriaque de Moïse prêtre de Merdin , & qui 1,2,... étoit par conséquent à l'ufage des Jacobites de ce pais-là. On ne trouve point dans cette édi. tion syriaque la seconde épitre de faint Pierre, la seconde & la troisiéme de faint Jean, l'epître de faint Jude, ni l'apocalypse, parce qu'elles D'étoient point dans l'exemplaire manuscrit fur lequel on imprimoit. On trouve à la tête de ce nouveau testament, qu'on ne croit pas 9

très-an cien; & quiz pû avoir été traduit sur. le grec, une dacie préface de l'éditeur en forme d'épître

commen

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presse la

te,

Trente.

AN.1565

en forme d'épître dedicatoire , & à la fin diffe. rens álphabets syriaques, & plusieurs pricres écri. tes en caracteres fyriaque, hebreux & latins, pour faciliter la lecture de cette langue, qui étoit alors connue de peu de personnes. Guy Fabrice a triduit ce nouveau testament en latin. Ces deux auteurs prétendent que l'évangile de faint Matthieu ; & l'épître de saint Paul aux Hebreux ont été écrits en iyriaque; & que les Syriens croient que faint Marc l'évangeliite avoit traduit tout le nouveau testament de grec en fyriaque. Mais

ils ne prouvent pas ce qu'ils avancent. CXIV.

En Ecosse la reine reçût cette année un bref che pape du pape date du treizième de Juin , dans lefeine døE. quel le faint pere l'exhortoit & la pressoit vivecofre de re- ment de recevoir les decrets du concile de Tren: cevoir le

de les faire publier dans son roraume, & concile de

d'éloigner de toutes dignitez, & les héretiques Raynald. & ceux qui étoient soupçonnez d'erreurs. Il ad hunc an. écrivit à peu près dans les mêmes termes à l'ar

chevêque de saint André & à celui de Glascow; mais il écrivit en vain. La reine occupée des troubles de son état, & des moyens de faire reüfsir le mariage qu'elle vouloit faire avec le fils du comte de Lenox, fe trouvoit peu en état de satisfaire aux demandes du pape. Elle étoit d'ailleurs trop gênée par l'autorité de la reine d'Angleterre, qui protegeoit ouvertement les Protestans, ainsi loin d'affoiblir leur parti, il n'étoit pas en fon pouvoir d'empêcher qu'il ne

dominât au milieu de l'Ecosse. cly:

Le pape n'eût pas lieu d'être plus content de seur Maxi l'empereur Maximilien, qui peu satisfait de l'u. milien re- Tage du calice qu’on avoit accordé à ses sujets à nouvelle

certaines conditions, comme on l'a vû plus haut, ses instan• renouvelloit les instances auprès du saint Siege obtenir le "pour en obtenir le mariage des prêtres. 'Sa fain. mariage des teté n'entendoit ces demandes qu'avec peine', & prêtres. forcé néanmoins de les écoutér, il afsembla un

conlftoire le douzième de Janvier 1565, où il

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