tholique professait donc alors le dogme de l'Incarnation avec l'unité de personnes et la distinction des deux natures, de la nature divine et de la nature humaine, en Jésus-Christ. 355. Saint Grégoire de Nysse sur ces paroles de saint Pierre aux Juifs, Dieu a fait Seigneur et Christ celui que vous avez crucifié, ce Père ajoute: « Nous disons cela, non que nous recon<< naissions deux Christs ou deux Seigneurs dans l'unique per« sonne de Jésus-Christ (1). Eunomius nous accuse d'admettre « deux Christs et deux Seigneurs; mais, ne pouvant fonder cette << accusation sur nos écrits, il a recours au mensonge (2). » Le même docteur enseigne d'ailleurs clairement qu'il y a deux natures en Notre-Seigneur, la nature divine et la nature humaine (3). 356. Saint Grégoire de Nazianze : « Nous ne séparons point, en « Jésus-Christ, l'homme de la divinité; mais nous faisons profes«sion de croire qu'il n'y a qu'un seul Christ, qui auparavant n'é<< tait pas homme, mais Dieu et Fils unique de Dieu avant tous « les siècles, sans corps et sans rien de corporel; qui, à la fin, s'est << fait homme pour notre salut; passible par la chair, impassible « par la divinité; borné par le corps, sans bornes par l'esprit; le « même terrestre et céleste, visible et invisible, compréhensible et incompréhensible; afin que l'homme tout entier tombé dans le péché soit relevé par celui qui est homme tout entier, en même temps qu'il est Dieu. Si quelqu'un ne croit pas Marie mère de Dieu, il est hors de la Divinité. Si quelqu'un dit que le Fils de « Dieu a passé par la Vierge comme par un canal, et qu'il n'a pas « été formé en elle d'une manière divine et humaine tout ensem<< ble: divine, en ce que l'homme n'y a point eu de part; humaine, « en ce que les lois de l'enfantement, pour ce qui regarde la " femme, y ont été observées, celui-là est encore impie (4). Si quel tatem, impatibilis secundum divinitatem.... Qui non confitentur in Domino nostro Jesu Christo duas esse naturas inconfusas, unam autem personam, quatenus unus est Christus, unus Filius, eos anathematizat catholica et apostolica Ecclesia. Exposition de la foi, à la suite du livre de l'Incarnation, tom. 11, col. 730, édit. des Bénédictins. — Voyez aussi ce livre, c. v. (1) Hoc autem ita dicimus, non quod duos Christos vel Dominos in una Christi persona conspiciamus. Antirrétique, ou Traité contre Apollinaire. — (2) Dùos Christos et duos Dominos dicere nos insimulavit (Eunomius), non ex nostris scriptis accusationem instituens, sed ad arbitrium pro suo jure mendacio utens. Discours iv, contre Eunomius. Voyez aussi la lettre du même docteur à Théophile contre Apollinaire, etc. — (3) Livres contre Eunomius. (4) Neque hominem a divinitate separamus; sed unum et eumdem profitemur, prius quidem - « qu'un introduit deux Fils, l'un de Dieu le Père, l'autre de la a mère, et ne dit pas que c'est un seul et même Fils, il doit déchoir « de l'adoption promise aux vrais fidèles. Car il y a en Jésus<< Christ deux natures, Dieu et l'homme, comme il y a dans tout « homme l'âme et le corps; mais il n'y a pas deux Fils, ni deux dieux, ni deux hommes, quoique saint Paul ait ainsi nommé l'in« térieur et l'extérieur de l'homme. Pour le dire en peu de mots, « le Sauveur est composé de deux choses différentes, puisque le « visible et l'invisible ne sont pas la même chose, non plus ce qui « est sujet au temps et ce qui n'y est pas sujet; mais ce ne sont pas « deux personnes, à Dieu ne plaise! car les deux choses ou natures « étant unies, ne sont qu'un, unum sunt (1), » Ailleurs : «< Celui qui est Dieu et homme est venu au monde, « réunissant en un seul deux natures, la nature divine et la nature humaine, qui s'est manifestée aux hommes: Naturam dupli«< cem complexus in unum (2). · 357. Saint Cyrille de Jérusalem : « Croyez que le Fils unique « de Dieu est descendu du ciel sur la terre à cause de nos péchés, ayant pris l'humanité, qui l'a rendu sujet aux mêmes affections « que nous éprouvons nous-mêmes; et qu'il est né de la sainte Vierge et du Saint-Esprit (3). Jésus-Christ est le Fils de David non hominem, sed Deum et Filium unigenitum, ac sæculis omnibus antiquiorem, a corpore rebusque omnibus corporis purum et secretum; in fine autem hominem, propter salutem nostram assumptum, carne passibilem, divinitate impassibilem, corpore circumscriptum, Spiritu incircumscriptum, terrenum eumdem et cœlestem, visibilem et intelligibilem, comprehensibilem et incomprehensibilem; ut per eumdem totum hominem simul ac Deum, totus homo in peccatum lapsus refringatur. Si quis sanctam Mariam Deiparam non credit, extra divinitatem est. Si quis Christum per Virginem tanquam per canalem fluxisse, non autem in ea divino modo, quia absque viri opera; humano, quia juxta pariendi consuetudinem, formatum se dixerit, æque atheus est. Discours LI. — (1) Si quis duos Filios, alterum ex Deo et Patre, alterum ex matre, non autem unum atque eumdem induxerit, is ab ea quoque filiorum adoptione excidat, quæ recte credentibus promissa est. Quamquam enim Deus et homo duæ naturæ sunt quemadmodum et anima et corpus, non tamen duo Filii nec Dii; quemadmodum ne hic quidem duo homines, tametsi Paulus ad hunc modum internam et externam hominis partem appellaverit. Atque ut paucis rem complectar, aliud quidem atque aliud sunt ea, ex quibus Salvator, nisi vero id quod cerni non potest, idem est cum eo quod in oculorum aspectum cadit; et quod temporis expers est, cum eo quod tempori subest; non tamen alius atque alius, absit. Ambo enim hæc connexione unum sunt. Ibidem. Voyez aussi les discours XXXVIII et Li du même docteur. (2) Poëme 11, sur la virginité. (3) Crede vero quod hic unigenitus Filius Dei propter peccata nostra de cœlis ad terram descendit, adsumpta humanitate ista, iisdem quibus subjicimur af « dans la consommation des siècles, et Eils de Dieu avant tous les « siècles, sans commencement. Il a reçu de David la naissance « suivant la chair, et il a la naissance divine, par laquelle il est engendré de Dieu le Père (1). Le Fils de Dieu s'est incarné, et s'est << fait ce que nous sommes, afin de nous rendre dignes de jouir de lui-même (2). >> Voilà donc encore Jésus-Christ qui est tout à la fois Fils de Dieu et Fils de la sainte Vierge, né de toute éternité comme Dieu, et né dans le temps comme homme. Il n'y a donc véritablement, suivant saint Cyrille, qu'un seul Christ, qui a deux natures, la nature divine et la nature humaine. 358. Saint Basile : « Dans ces derniers temps, le Verbe de Dieu << s'est manifesté dans la chair, qu'il avait prise de la femme, et « s'est assujetti à la loi pour racheter ceux qui étaient sous la loi, « afin de nous rendre enfants d'adoption (3). » Le même docteur prouve par le texte de saint Paul, qui cum in forma Dei esset, que Notre-Seigneur réunit dans sa personne la nature de Dieu et la nature de l'homme (4). Saint Optat, qui vivait du temps de saint Basile, enseigne que Jésus-Christ est Fils de Dieu, qu'il est Dieu lui-même, et qu'il est né, comme homme, de la Vierge Marie (5). Suivant saint Athanase, l'union du Verbe suivant la nature humaine s'est faite dans le sein de la Vierge Marie, qu'il appelle pour cela mère de Dieu, Deiparam (6). Par suite de cette union, le Verbe et l'homme ne sont plus qu'une seule personne, un seul et même Christ, Dieu parfait et homme parfait; le même, Dieu et homme, unus idemque Christus (7); Christus perfectus Deus et perfectus homo, idem Deus et homo (8); consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantialis ipsi Pater (9); et consubstantiel à fectibus obnoxia, natusque est ex sancta Virgine et Spiritu Sancto; facta inhumanatione seu hominis susceptione. Catéchèse iv. — (1) Christus filius revera Davidis est in consummatione sæculorum, Dei vero Filius ante omnia sæcula, sine initio. Duos patres habet, unum David secundum carnem, alterum vero Deum Patrem secundum deitatem. Catéch. x1.— (2) Credamus in Jesum Chris. tum qui in carne advenit et inhumanatus est.... Factus est id quod nos sumus, ut sic eo frui digni efficeremur. Catéch. xI. (3) In extremis diebus ipse Dominus manifestatus est in carne, factus ex muliere, factus sub lege, ut eos qui sub lege erant, redimeret, ut adoptionem filiorum reciperemus. Lettre CCLXI. — (4) Voyez le livre I de saint Basile contre Eunomius. — (5) Fidei pars est credere Filium Dei, Deum, qui secundum hominem suum per Mariam Virginem natus sit, passus et mortuus et sepultus resurrexerit. Liv. 1, du schisme des do• - (6) Liv. 1, contre Apollinaire, n° iv. (7) Discours IV, contre les ariens. (8) Liv. 1, contre Apollinaire, no xvi. (9) Sur le psaume xxi. nalistes. - l'homme suivant l'humanité, nobis consubstantialis Filius (1). Saint Cyprien : « Le Verbe, Fils de Dieu, a été envoyé au « monde pour être l'arbitre et le dispensateur des grâces de Dieu... « Il est descendu dans le sein d'une Vierge, et s'y est revêtu de << notre chair par l'opération du Saint-Esprit. Dieu s'est ainsi uni « à l'homme c'est Jésus-Christ lui-même, notre Dieu, et notre « médiateur auprès de son Père (2). » : Saint Hippolyte, évêque de Porto et martyr du troisième siècle: « Nous devons croire, selon la tradition des apôtres, que Dieu le « Verbe est descendu des cieux dans le sein de la sainte Vierge Marie, afin de s'incarner en elle, en prenant un corps avec une âme, et en se faisant tout ce qu'est l'homme, le péché excepté, « pour sauver Adam qui était tombé, et donner l'immortalité à • ceux qui croiraient en lui. Dans ces derniers temps, Dieu a envoyé le Verbe de vérité pour le salut des hommes. Il avait été « prédit par la loi et les prophètes qu'il viendrait en ce monde; « et comme il avait été prédit, il est venu, et il s'est montré, s'é<< tant fait homme dans le sein de la Vierge par l'opération du « Saint-Esprit. Il a du ciel, comme Verbe, ce qui est du Père; « et de la terre, comme incarné par la Vierge, ce qui vient du « vieil Adam. Dieu a donc paru dans ce monde avec un corps, << étant homme parfait; car ce n'est point par fiction ni par changement, mais en toute vérité, qu'il s'est fait homme (3). " 359. Tertullien: « Nous croyons que le Verbe, appelé Fils de « Dieu, est descendu par l'opération du Saint-Esprit dans le sein « de la Vierge Marie, où il s'est fait chair; qu'il est né d'elle; qu'il « est lui-même Notre Seigneur Jésus-Christ, qui a prêché la loi (1) Lettre de sententia Dionysii, no x. (2) Hujus indulgentiæ, gratiæ disciplinæque arbiter et magister, sermo et Filius Dei mittitur.... Hic in Virginem illabitur, carnem Spiritu Sancto cooperante induitur. Deus cum homine miscetur hic Deus noster, hic Christus est qui, mediator duorum, hominem induit, quem perducat ad Patrem. De la vanité des idoles. — (3) Credamus igitur, fratres, secundum traditionem apostolorum, quod Deus Verbum e cœlis descendit in sanctam Virginem Mariam, ut ex ea incarnatus sumpta anima humana, rationis, inquam, participe, factus omnia quæcumque homo est, excepto peccato, salvaret Adam qui ceciderat, et immortalitatem hominibus largiretur iis qui crederent in nomine ejus........ Sicut ergo prædicatum est, sic (Verbum) præsens seipsum manifestum fecit ex Virgine et Spiritu Sancto novus homo factus; habens cœleste quod paternum erat, tanquam Verbum; terrenum vero, tan. quam ex vetere Adam per Virginem incarnatus. Sic in mundum egressus Deus corporatus apparuit, egressus perfectus homo. Non enim per fictionem ant mutationem, sed vere factus est homo. Liv. contre Noët, no XVII. nouvelle, et la nouvelle promesse du royaume des cieux (1). » Ailleurs, il distingue dans le Sauveur du monde deux substances, Dieu et l'homme, ne formant qu'une personne: in una persona Deum et hominem Jesum (2). Encore: « Le nombre des deux na<< tures nous a montré Jésus-Christ comme homme et comme Dieu; comme étant né dans le temps, et comme ne l'étant pas; «< comme corporel et comme spirituel; comme faible et comme fort; comme mortel et comme immortel (3). » On ne pouvait certainement mieux exprimer l'unité de personne et la distinction des deux natures. " On croyait aussi, du temps de saint Irénée, que Jésus-Christ est le Verbe, le Fils de Dieu, vrai Dieu lui-même, qui s'est fait homme et a souffert pour nous; qu'il n'y a qu'un seul Christ, qui est Dieu et homme, invisible et visible, incompréhensible et compréhensible, impassible et passible; que le Verbe de Dieu s'est incarné, et que Jésus-Christ est tout ensemble Fils de Dieu et Fils de l'homme: Fils de Dieu, parce qu'il est le Verbe du Père; Fils de l'homme, parce qu'il est né de la Vierge Marie (4). Saint Justin dit que Jésus-Christ est le Fils de Dieu, le Verbe de Dieu, Dieu lui-même, et qu'il s'est fait homme dans le sein de la Vierge Marie, d'où il est tout à la fois Fils de Dieu et Fils de l'homme (5). (1) Creditur unum omnino Deum esse.... qui universa de nihilo produxerit per Verbum suum primo omnium demissum ; id Verbum Filium ejus appellatum.... postremo delatum ex Spiritu Patris Dei et virtute in Virginem Mariam, carnem factum in utero ejus, et ex ea natum egisse Jesum Christum, exinde prædicasse novam legem et novam promissionem regni cœlorum. Des Prescriptions, n° XIII. · (2) Livre contre Praxéas, no xxvIII. — (3) Utriusque substantiæ census hominem et Deum exhibuit: hinc natum, inde non natum; hinc carneum, inde spiritualem; hinc infirmum, inde præfortem; hinc morientem, inde viventem. De carne Christi, no v. — (4) Quoniam Joannes unum et eumdem novit Verbum Dei, et hunc esse unigenitum, et hunc incarnatum esse pro salute nostra, Jesum Christum Dominum nostrum sufficienter ex ipsius Joannis sermone demonstravimus. Liv. 1, contre les hérésies, c. xvI.-Unus Christus... invisibilis visibilis factus, et incomprehensibilis factus comprehensibilis, et impassibilis passibilis, et Verbum homo. Ibidem Filius Dei existens semper apud Patrem.... incarnatus est et homo factus. Ibidem, c. xvm. — Hic igitur Filius Dei Dominus noster, existens Verbum Patris, et Filius hominis: quoniam ex Maria habuit secundum hominem generationem, factus est Filius hominis. Ibidem, c. XIX. - (5) Qui (Filius) cum Verbum sit primogenitum Dei, Deus etiam est. Ac prius quidem Moysi et cæteris prophetis in specie ignis et imagine incorporea visus est: nunc autem vestri imperii temporibus ex Virgine homo factus, secundum Patris voluntatem, pro eorum salute, qui illi credunt. Apologie 1, n° LXIII.-Cum eum Filium Dei esse in commentariis apostolorum scriptum lega |