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reliques dont nous venons de parler. Et depuis la vertu de notre Seigneur s'est fort souvent manifestée dans cette église par le bienheureux pontife. Tout dernièrement, des femmes venues du pays de Berri au nombre de trois, tourmentées par le démon, et se rendant à la basilique de SaintMartin, entrèrent dans cette église. Aussitôt frappant leurs mains l'une contre l'autre, tandis qu'elles s'écriaient qu'elles étaient tourmentées par les vertus de saint Nizier, et jetant par la bouche je ne sais quelle humeur mêlée de sang, elles furent immédiatement délivrées des esprits qui les possédaient. Dadon, un de ces paysans qui faisaient partie de la grande expédition contre Comminges 1, et qui s'était plusieurs fois trouvé en danger de mort, fit vou, s'il revenait chez lui sain et sauf, de donner, en l'honneur de saint Nizier, pour l'ornement de ladite église, quelques-uns des biens qu'il avait acquis. Lors donc qu'il fut sur son retour, il emporta deux calices d'argent et fit vœu de nouveau en route de les remettre à l'église, s'il arrivait chez lui sauvé; mais, quand il fut arrivé, il n'en donna qu'un, et, pour trouver prétexte à garder l'autre, il donna un tapis sarmatique destiné à couvrir l'autel du Seigneur ainsi que les offrandes. Mais à cet homme apparut en songe le bienheureux qui lui dit : « Jusques à quand hésiteras-tu à accomplir ton vœu et chercheras-tu à le dissimuler? Va et rends à l'église le second calice que tu lui as promis, de peur que toi et ta famille vous ne périssiez. Quant au tapis, comme il est mince et transparent, qu'il ne soit pas placé sur les présents de l'autel, parce qu'il ne peut couvrir suffisamment le mystère du corps et du sang de notre Seigneur. Celui-ci, effrayé, n'hésita plus et accomplit promptement son vou. Le frère de cet homme vint pour assister aux vigiles de la fête de Noël et il s'adressa au prêtre, en lui disant : « Veillons ensemble dans l'église de Dieu et prions dévotement la puissance du

(1) Voy. Hist., VII, xxxv et suiv.

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devote beati Nicetii potentiam, ut eo obtinente hujus anni curriculum cum pace ducamus. » Quod presbyter audiens, gavisus jussit signum ad vigilias commoveri. Quo commoto, adveniente presbytero cum clericis et reliquo populo, hic gulæ inhians moras veniendi innectebat; misitque sæpius presbyter ad eum arcessendum. Quibus respondebat : « Paulisper sustinete, et venio. » Quid plura? transactis vigiliis, data luce, hic qui prius commonuerat, ad vigilias non accessit. Presbyter vero, impleto officio, commotus contra hominem, ad metatum ejus properat, quasi eum a communione suspenderet : at ille correptus febre, sicut vino ita divino exurebatur incendio : nec mora, viso presbytero, datis vocibus cum lacrymis, supplicabat sibi pœnitentiam tradi. Cumque eum presbyter increparet, dicens : « Merito a sancti Nicetii virtute exureris, ad cujus ecclesiam venire ad vigilias neglexisti,» inter sermocinantium colloquia spiritum exhalavit. Facta quoque hora tertia, cum populus ad missarum solemnia conveniret, hic mortuus in ecclesiam est delatus. Quod virtute sancti antistitis actum nemo ambigere potest: hæc enim nobis ipse exposuit presbyter. Plurima etenim de his vel proprie experti sumus, vel per fidelium relationem cognovimus, quæ indicare longum putavimus.

12. Sed quoniam placuit libello clausulam dare, unum adhuc admirandum de libro Vitæ ejus, quem supra a quodam scriptum præfati sumus, memorabo miraculum: de quo virtus divina procedens non reliquit inglorium, sed ad comprobandam virtutem dictorum patefecit esse plurimis gloriosum. Diaconus enim Augustodunensis gravi oculorum cæcitate tur

bienheureux Nizier afin que par son intercession nous passions cette année en paix. » Ce qu'entendant, le prêtre joyeux fit sonner la cloche pour les vigiles. Mais quand la cloche fut sonnée et que le prêtre fut venu avec les clercs de son église et tout le peuple, notre homme sujet à la gourmandise ne se hâtait nullement de venir, et le prêtre envoya plusieurs fois auprès de lui; mais il répondait : « Attendez un peu, je viens. » Qu'ajouterai-je ? Les vigiles s'achevèrent et le matin arriva, et celui qui le premier avait parlé de les célébrer ne s'y trouva pas du tout. Quant au prêtre, ayant terminé l'office, il se hâta de venir tout courroucé au logis de cet homme, comme dans le but de le suspendre de la communion. Mais celui-ci, pris de la fièvre, était brùlé par un feu divin, de même que par le vin qu'il avait bu, et sitôt qu'il eut vu le prêtre, il le pria avec larmes de lui imposer une pénitence. Et comme le prêtre lui faisait des reproches et lui disait : « C'est à bon droit que tu brûles par la vertu de saint Nizier, dans l'église de qui tu as négligé de venir aux vigiles,» au milieu de ces discours, il expira. Puis à la troisième heure, comme le peuple était rassemblé pour la célébration de la messe, le mort fut apporté à l'église. Or personne ne pourrait douter que tout cela n'ait été accompli par la vertu du saint pontife; le prêtre lui-même nous l'a raconté. Nous pourrions rapporter beaucoup d'autres choses que nous avons connues par notre propre expérience ou par le récit de personnes dignes de foi, mais nous pensons que ce serait trop long.

12. Toutefois, puisqu'il faut mettre une fin à ce livre, nous rapporterons encore un miracle admirable relatif au livre qu'on a écrit sur sa Vie et dont nous avons parlé plus haut. La divine vertu sortie de ce livre, loin de laisser Nizier sans gloire, manifeste à beaucoup de gens combien il est glorieux, en prouvant l'efficacité des merveilles racontées dans le volume. Un diacre d'Autun, affligé d'une douloureuse cécité,

batus, audivit hæc quæ glorificator sanctorum suorum Deus ad sancti tumulum exercebat, dixitque suis : «< Si ejus adirem sepulcrum, aut aliquid de sanctis pignoribus sumerem, aut certe si pallium, quo sancti artus teguntur mererer attingere, fierem sanus. » Cumque hæc et hujuscemodi cum suis verba conferret, astitit repente clericus quidam, dicens : « Bene, inquit, credis, sed si de iisdem firmare mentem cupis virtutibus, en volumen chartaceum, quod de his habetur scriptum, ut facilius credas ea quæ ad auditum tuarum aurium pervenerunt. » At ille priusquam legere appeteret, inspirante divinæ pietatis respectu, ait : «Credo quia potens est Deus egregia operari per famulos suos. » Et statim posuit volumen super oculos suos. Extemplo autem, fugato dolore disruptaque caligine, usum videndi recipere meruit voluminis a virtute, et in tantum claritate potitus est, ut ipse propriis oculis legens virtutum gesta cognosceret. Operatur hæc autem unus atque idem Dominus, qui gloriatur in sanctis suis, atque ipsos illustribus miraculis editos efficit gloriosos. Ipsi gloria et imperium in sæcula sæculorum.

Amen.

CAPUT IX.

De sancto Patroclo abbate.

Cum egregia Moysis vatis prudentia, ad conformandum divinæ descensionis tabernaculum, juxta ipsum oris dominici præceptum, fabricare disponeret, atque ad hoc eumdemque apparatum multa congerere jussus, non haberet cuncta in regestu promptuarii, quæ ab ipso Domino ostensa fuerant in montis ardui summitate, jussit commoueri populum, ut offerret

»

apprit ce que faisait au tombeau du saint, Dieu glorificateur des saints, et dit à sa famille : « Si j'allais à son tombeau et que je prisse quelque chose de ses reliques, ou si au moins je touchais le manteau qui couvre ses membres, je serais guéri. Et comme il répétait cela et autres choses semblables à ses amis, il se trouva là un clerc qui dit : « Tu as raison de croire cela; mais pour affermir encore ton opinion au sujet de ces miracles, voici un volume de parchemin qui y est relatif et qui te fera croire plus facilement encore ce que tes oreilles ont entendu dire. » Mais celui-ci, avant même d'avoir le désir de le lire, dit par une divine inspiration : « Je crois que Dieu a le pouvoir d'opérer des merveilles par ses serviteurs. » Et en même temps il posa le volume sur ses yeux. Aussitôt la douleur et les ténèbres furent dissipées et par la vertu de ce volume il recouvra la vue, et avec tant de netteté qu'il put lire de ses propres yeux ces récits de miracles. Ainsi c'est le Seigneur seul qui opère toutes ces choses et qui se glorifie dans ses saints, qu'il rend glorieux par des miracles illustres. A lui le règne et la gloire aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

CHAPITRE IX.

De saint Patrocle, reclus.

Lorsque la remarquable sagesse du prophète Moïse se dis posait, suivant l'ordre du Seigneur lui-même, à bâtir un tabernacle à la divine Providence, et que chargé, pour accomplir cet ouvrage, d'amasser d'immenses matériaux, il n'avait point en réserve tous ceux qui étaient nécessaires, il ordonna de faire connaître au peuple ce que Dieu lui avait commandé sur le haut de la montagne, afin que chacun vînt offrir selon

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