Page images
PDF
EPUB

.

:

furent défaits (1563). On l'accusa de s'être battu, | employer le poison ou le poignard pour se démais il se défend d'avoir jamais quitté la hou-faire de lui. Toutefois, il est prouvé que, soit de lette du pasteur pour le glaive de l'homme de bonne foi, soit pour faire croire à la méchanceté guerre. Poltrot de Meré, assassin du duc de de ses ennemis, Bèze prenait des précautions Guise, dans son premier interrogatoire, nomma pour sa sûreté il ne sortait jamais sans être Bèze avec l'amiral de Coligni comme lui ayant accompagné de quelques disciples. Son caracinspiré son exécrable projet. Il se rétracta en- tère s'était fort adouci dans ses dernières années; suite devant le président de Thou. Bèze quitta et lorsqu'il eut le bonheur de voir Henri IV dans la France lors de la pacification de 1565, et re- un village de la Savoie près de Genève, ce prince vint prendre sa place dans l'Académie de Genève. lui ayant demandé ce qu'il pourrait faire pour A la mort de Calvin, en 1564, il succéda à tous lui, Bèze, qui avait alors 81 ans, n'exprima qu'un les emplois de son ami et de son maître, et fut seul vœu, celui de voir la France entièrement dès lors regardé comme le chef des réformés en pacifiée. Il jouissait alors en France d'une conFrance et à Genève. Il ne revit désormais que sidération universelle. Bèze, malgré son âge et rarement la France, et toujours pour l'intérêt ses infirmités, conservait toute sa verdeur. Il des calvinistes. Au synode de la Rochelle, toutes avait perdu en 1588 sa première femme, et à les Églises réformées de France lui déférèrent l'âge de 70 ans, il se remaria avec une jeune perl'honneur de présider l'assemblée. Il fut encore sonne, mieux apparentée que la défunte, Catheemployé à une négociation importante en Alle- rine de la Plane, qu'il appelait sa Sunamile. Bèze magne, dans l'année 1574, et assista à différentes ne discontinua qu'en 1600 ses leçons à l'Acaépoques à des conférences tenues en Suisse et en démie de Genève. Je ne m'arrêterai pas à préAllemagne pour l'éclaircissement de quelques senter la liste des écrits de Bèze: elle est impoints de doctrine. En 1586, il eut à Montbelmense. J'ai déjà parlé de quelques-uns. La liard une conférence publique avec Jacques AnComédie du pape malade, par Thrasybuledré, théologien de Tubingue. Dans la discussion Phénice (1561); l'Histoire de la Mappemonde orale Bèze conservait de la dignité, de la grâce, papistique, par Frangidelphe Escorche-Mesde la modération; il n'en est pas de même de ses, sont des pamphlets mordants, mais sans déses écrits polémiques. Quel amas d'injures et delicatesse : il y avait là de quoi transporter d'aise trivialités! avec quelle avidité il recueille et reproduit, en les envenimant, les bruits les plus hasardés qui couraient contre ses adversaires! Vilain, effronté, misérable pédant, puant, loup déguisé, serpent, singe, telles sont les épithètes qui reviennent fréquemment sous sa plume. Aucune philosophie dans ses écrits polémiques, rien qui décèle l'esprit de justice, de sagesse, de charité. La liberté ne s'y montre que sous les traits de la licence; l'obéissance y est servilité. Bèze ne montre pas dans la discussion plus de philosophie et d'impartialité. Dans l'entraînement de son zèle, ses injures ne sont pas seulement pour les théologiens, les évêques et les pontifes; elles montent jusqu'aux souverains temporels. Antoine de Bourbon, roi de Navarre, est sous sa plume un Julien l'Apostat, Marie Stuart une Médée. Ses adulations furent pour la reine d'Angleterre Élisabeth et pour Jacques Ier son successeur. Il leur a dédié à l'un et à l'autre plusieurs de ses écrits; et l'on a reproché justement à Bèze, Français de naissance, d'avoir dans une de ces dédicaces, donné à Élisabeth le titre de reine de France. Si personne n'eut de plus ardents ennemis que Bèze, personne aussi n'a eu de partisans plus enthousiastes. Des calvi- | nistes ont écrit que la cour de Rome avait voulu

[ocr errors]

la plébécule calviniste. Dans ses Icones virorum illustrium, ouvrage d'un genre plus sérieux, et qui a été traduit en français, Bèze lance des coups de foudre contre l'épiscopat: Dans son Histoire ecclésiastique des Églises réformées au royaume de France, depuis l'an 1521 jusqu'en 1563, écrite en français et publiée en 1580, il se montre plus modéré, plus impartial que dans ses écrits polémiques. Il avait fait imprimer, en 1556, sa version du Nouveau Testament avec des notes. Marot avait traduit en vers français les cinquante premiers psaumes de David. Bèze, d'après le conseil de Calvin, entreprit de compléter cette version, et donna les cent autres psaumes, traduits, dit un contemporain, non avec la même joliveté que Marot. La traduction de Marot et de Théodore de Bèze fut admise dans la liturgie protestante, et par là devint plus odieuse aux catholiques : dans la suite, elle fut rajeunie par Conrad et la Bastide. Pendant que Bèze mettait la dernière main à la publication des psaumes, il fut attaqué de la peste qui régnait à Genève en (1605). A propos de la peste de Genève, Bèze publia un écrit en latin, fort rare, et qui prouve qu'alors comme aujourd'hui il y avait, en fait d'épidémie, des contagionistes et des non-contagionistes. En

voici le titre en français: Solution de deux | quelques ouvrages de géométrie lui révéla sa questions sur la peste : Est-elle ou non con- vocation. Obligé de se livrer à l'instruction, il tagieuse? Est-il permis aux chrétiens de s'y consacra ses loisirs à des recherches sur le calcul soustraire par l'éloignement? — En 1597, à intégral; deux mémoires sur ce sujet lui ouvri78 ans, il retrouva toute la verdeur de sa jeu- rent, en 1763, les portes de l'Académie des nesse, pour faire la petite guerre aux jésuites. sciences; il n'avait encore que 28 ans. Les goûts Clément Dupuy, l'un d'eux, avait écrit que Bèze de Bezout l'auraient porté à embrasser les généétait mort après avoir fait profession de la foi ralités du calcul; mais, père de famille sans forromaine. Sous le titre de Beza redivivus, le tune, il sut renoncer à ce genre d'études qui prétendu mort publia une satire en vers latins conduit plus à la gloire qu'à la richesse, et il contre les jésuites. Il est assez remarquable qu'un accepta, en 1763, la place d'examinateur des des derniers écrits de Bèze rappelle, par le feu gardes de la marine. M. de Choiseul le chargea de la composition, toute la verve qui avait pré- en même temps de la composition d'un ouvrage sidé à la composition de ses Juvenilia. Cet éton- pour l'instruction de ces élèves, et il publia, en nant vieillard, beau encore à 86 ans, n'eut pas, 1764, son Cours de mathématiques à l'usage comme tant d'autres, le malheur de se survivre des gardes de la marine. Dans ce cours il traite à lui-même. Le testament de Bèze, qui est im- d'une manière simple des questions élevées dont primé, respire partout l'amour de la France la solution indispensable pour la construction et de la paix, mêlé au souvenir et au regret des vaisseaux, était jusqu'alors ignorée par les de ses fautes. Les chefs de secte auraient-ils élèves de la marine. Bientôt après, en 1768, donc, avec maint souverain, ce trait de ressem- nommé examinateur pour l'artillerie, il donna blance, que leurs dernières paroles fussent une nouvelle édition de son ouvrage, en y inla condamnation du mauvais usage qu'ils ont troduisant les applications nécessaires aux offipu faire de leur pouvoir sur leurs contempo- ciers de cette arme. On peut reprocher à Bezout rains? d'avoir trop souvent négligé des démonstrations indispensables dans l'enseignement des sciences rigoureuses; son traité, le seul complet qui ait existé pendant longtemps, n'en a pas moins servi de base à l'instruction durant de longues années, et acquis à son auteur une immense popularité.

CH. DU ROZOIR.

BÉZOARD. On donne ce nom aux pierres ou calculs qui se forment dans différents viscères des animaux. La crédulité attribuait autrefois des vertus extraordinaires à ces concrétions, et le haut prix auquel les portait leur rareté, les exposait à de nombreuses sophistications. De là | sont venues les épithètes de bézoards vrais et de bézoards faux ou factices. On distinguait encore les bézoards orientaux des bézoards occidentaux qui étaient produits par des animaux d'Europe ou d'Amérique, et dont on prétendait que les propriétés étaient beaucoup inférieures à celles des autres. C'est de l'antilope oryx ou plutôt du paseng (chèvre sauvage de Kaempfer), que proviennent les bézoards orientaux. Ce nom de bézoard a été étendu à d'autres corps dont la forme était plus ou moins voisine. Ainsi l'on a appelé :

BEZOARD FOSSILE, des concrétions calcaires formées de couches superposées, que l'on soupçonnait avoir été produites dans le corps des animaux et rejetées par eux. On ne lui accordait que peu de propriétés. On sait maintenant à quoi s'en tenir sur ces concrétions sphéroïdales formées comme les stalactites, et que l'on trouve dans tous les terrains calcaires. On a encore appelé bézoard fossile des alcyonites de forme arrondie. DR..Z.

BEZOUT (ÉTIENNE), naquit à Nemours, en 1730, d'une famille fort pauvre. La lecture de

|

En 1779 parut la Théorie générale des équations déterminées, à laquelle Bezout travaillait depuis 1762; cette théorie n'a certes pas tranché toutes les difficultés que présente cette partie du calcul, mais elle a du moins fait pressentir la marche à suivre pour arriver à une solution complète.

Bezout, adonné à la géométrie, cultivait cependant avec succès les sciences physiques; il a le premier fait connaître les grès cristallisés de Fontainebleau, qui, depuis, ont été l'objet de recherches savantes.

Ce savant modeste était d'un caractère fort doux; cependant son abord froid prévenait mal en sa faveur ceux qui le connaissaient peu : ce qui a fait dire à Condorcet qu'il y avait deux hommes en lui: l'homme des amis, et l'homme des étrangers. Des fatigues occasionnées par ses voyages, et quelques chagrins personnels, abrégèrent ses jours: il mourut en 1785. CAYLUS.

BIAIS, obliquus, mot formé du gaulois bihay, et qui se dit de tout ce qui a une direction ou une section oblique aux directions ou aux faces adjacentes; ainsi en terme d'arpentage, de jar

X.

dinage et d'architecture, le biais (obliquitas) | moins de succès et avec plus d'honneur encore s'entend d'un alignement oblique aux aligne- en politique et en morale que dans les applicaments adjacents d'un terrain; il se présente si tions physiques et matérielles. fréquemment dans la pratique que celui qui ne saurait opérer que sur des terrains réguliers éprouverait à tout moment des obstacles aux développements de ses talents. Le grand art c'est de savoir tirer parti des biais qui se présentent forcément, mais on ne doit jamais les faire naitre sans nécessité dans la disposition des jardius ou des édifices. En construction, on distingue le biais gras du biais maigre; le premier a lieu lorsque l'angle est obtus, le second lorsqu'il est aigu. En coupe des pierres, on a la porte biaise ou biais par tête et le biais passé ou corne de vache. La porte biaise est celle qui a son ouverture droite dans un mur dont la paroi extérieure n'est point parallèle à celle intérieure. Le biais passé est une porte qui a son ouverture oblique dans un mur dont les deux parois sont parallèles. Enfin biais est aussi employé en charpente et dans d'autres travaux, pour désigner, en général dans les corps, des sections obliques aux faces adjacentes, les sections perpendiculaires à ces faces étant dites sections droites. DUB...

En termes de manége, on dit aller en biais, | faire aller un cheval en biais, c'est-à-dire les épaules avant la croupe, ou les parties de devant toujours avant celles de derrière. Pour cela, il faut aider à toutes mains le cheval de la rêne de❘ dehors, et soutenir, c'est-à-dire le tenir ferme, sans lui donner aucun temps, en l'aidant aussi de la jambe de dehors de façon que la rêne et la jambe soient du même côté, et toujours en dehors.

BIAIS se dit par extension en morale, ou dans le sens figuré, avec la même acception que dans le sens propre et direct, et s'entend alors des diverses faces sous lesquelles on peut envisager une chose, des divers moyens, des divers expédients dont on peut se servir pour y réussir, des diverses manières enfin de tourner, de regarder une affaire, une entreprise. Mais c'est | surtout en politique que ce mot reçoit son acception la plus fréquente et la plus étendue. L'adresse et la ruse font plus en politique, en effet, que la force et la violence; l'habileté consiste souvent à savoir y tourner les difficultés, à les aborder de biais et non en face: il n'est pas donné à tout le monde de trancher le nœud gordien comme Alexandre ou comme voulait le faire Napoléon, à qui ce moyen n'a pas réussi jusqu'au bout; et le grand art de savoir mettre les obstacles à profit s'exerce certainement avec non

|

BIALOVIETZ, grande forêt de la Lithuanie, gouvernement de Grodno, entre 52° 29′ et 52°51′ de lat. N., à l'E. de la province de Bialystok, renferme un très-grand nombre de bêtes fauves. BIANCHINI. Plusieurs savants italiens ont porté ce nom; le plus remarquable est FRANÇOIS Bianchini, célèbre astronome et antiquaire, qui naquit à Vérone en 1662 et passa la plus grande partie de sa vie à Rome où il fut comblé de distinctions et de grâces par les papes Alexandre VIII, Clément XI et Innocent XIII. Chargé de tirer une ligne méridienne et de dresser un gnomon dans l'église de Sainte-Marie des Anges, il accomplit avec succès cette difficile opération; il perfectionna beaucoup la machine qui sert à corriger, dans les lunettes du plus grand foyer, les imperfections des tubes. La liste des ouvrages qu'il a laissés sur les sciences exactes et sur les antiquités serait fort longue et il faudrait encore y joindre ses poésies; car ses graves études ne l'empêchaient pas de se livrer à la littérature. X.

BIARMIE, nom d'un royaume finnois au nord ou nord-est de la Russie dont il est souvent question dans les annales des pays scandinaves, mais dont aujourd'hui il est impossible de déterminer les limites. C'est sans doute à ce nom que celui de Permie (grande Permie, Permeki, etc.) doit son origine; mais on s'est trompé en faisant coïncider les bornes de l'ancienne Biarmie avec celles du gouvernement russe actuel de Perm, car elle paraît s'être étendue le long de la Dvina sur une grande partie des gouvernements d'Arkhangel et de Vologda et avoir été baignée par la mer Blanche: Kholmogory est regardé comme en ayant été la capitale. Le nom qui correspond plus exactement à celui de Biarmie est le nom de Zavolotchie, ancienne province de Novogorod. Le royaume, traversé par la route commerIciale qui servait de communication entre les ports de la mer Baltique et l'Asie, cessa d'exister longtemps avant la fin du moyen âge et à son nom souvent répété par les traditions du Nord, on peut à peine rattacher le petit nombre de faits que nous avons rappelés dans l'ouvrage publié sous ce titre La Russie, la Pologne et la Finlande, tableau statistique, hist., géogr. et topogr. de toutes les parties de la monarchie russe prises isolément, par M. J. H. Schnitzler, un gros vol. in-8°. S.

BIAS, l'un des sept sages de la Grèce, naquit à Priène, dans l'Ionie, vers l'an 570 avant J. C.

Il se consacra à l'étude de la philosophie et mit surtout en pratique la haute sagesse qu'il y puisa. Quoique un peu misanthrope, il prit une part active aux affaires publiques, et il employa les connaissances qu'il avait acquises dans les lois au profit de ses amis, pour lesquels il plaidait devant les tribunaux ou dont il conciliait les différends. Il fit toujours le plus noble emploi des biens qu'il tenait de la fortune. Après la défaite de Crésus, Bias conseilla aux Ioniens d'aller s'é- ❘ tablir dans la Sardaigne; mais ils ne voulurent point se rendre à son avis, et après une vaine résistance ils furent subjugués par les généraux de Cyrus. Les seuls habitants de Priène résolurent de quitter leur ville avec ce qu'ils avaient de plus précieux. Bias, ne faisant aucuns préparatifs de départ, répondit à un de ses concitoyens qui lui en témoignait son étonnement : « Je « porte tout avec moi. » C'est cet Omnia mecum porto devenu fameux. Bias mourut dans sa patrie à un âge très-avancé. Plutarque, dans son Banquet, Diogène Laërce, Stobée et d'autres nous ont conservé des fragments de Bias qui font foi de sa sagesse.

CONV. LEX.

lui laissa que le soin de faire la prière. Après avoir donné une forme stable à l'empire des Mameluks, repoussé les Tâtars, rétabli la puissance des musulmans et combattu les Francs avec succès, excepté devant Saint-Jean-d'Acre, où il échoua, Bibars, superstitieux comme tous les Orientaux, s'appliqua un horoscope que les astronomes avaient tiré d'une éclipse de lune qui eut lieu alors, en la regardant comme le présage de la mort d'un grand personnage. Voulant détourner la prophétie de sa tête en la faisant tomher sur un autre, il fit prendre à un prince de la maison de Saladin un breuvage empoisonné; mais s'étant servi lui-même ensuite par erreur du vase qui le contenait, les restes du poison eurent encore assez de force pour lui donner aussi la mort à lui-même, et il périt ainsi de ses propres mains, le 27 de mohharem 676 (30 juin 1277), après 19 ans de règne. Ses expéditions militaires lui avaient encore fait donner le surnom d'Aboul-Foutouh (père des victoires); sa sollicitude pour les intérêts de ses sujets lui fit donner celui de Melik-el-Ohaher (prince illustre), et sa sollicitude pour la religion celui de BIBARS, connu dans les anciennes chroniques Rokn-Eddyn (soutien de la religion). Il donnait des croisades sous le nom d'Al-Bondoucdary, tous les ans, ajoute le biographe que nous avons Al-Salehy, 4 sultan de la dynastie des Mame- déjà cité, 100 mille mesures de blé pour les pauluks - Baharytes, était un esclave du Captchac, vres, entretenait les enfants des soldats tués à amené en Syrie et vendu à Ikdyn, bondoucdâr | l'armée, et prenait soin des veuves. Il fit conou général des arbalétriers de Melik-el-Saleh, | struire un magnifique collège au Caire, bâtir un qui l'affranchit bientôt pour le récompenser de son courage et de son habileté. Il vivait dans le XIe siècle, et fut proclamé sultan par la milice, le 17 de djoul-caadah, 658 de l'hégire (24 octobre 1260 de notre ère), après avoir assassiné Kothouz, contre lequel il s'était révolté. Il prit alors le surnom d'Al-Melik-al-Dhaher (roi il-Mamluks - Baharyles, était d'origine circaslustre), fit rentrer sous sa domination Alep et sienne, avait été l'esclave de Kélaoun et de ses Damas, qui étaient tombés au pouvoir des Mon- fils Khalyl et Mohammed, qui l'affranchirent et gols, et se fit donner la consécration par un l'élevèrent aux premières dignités de l'empire. certain Ahmed, qui arriva en Égypte en 1264, se Ce dernier ayant été privé du trône pour la troidonnant pour un descendant de la maison des sième fois, les Mameluks - Bordgytes forcèrent abassides. Bibars, dit un biographe, alla au-de- Bibars à accepter la couronne, le 23 de chewâl vant de lui avec tous les cadis (juges), ses offi- 708 de l'hégire (26 mars 1309 de J. C.). Meilleur ciers, les juifs avec la Bible, et les chrétiens avec guerrier que politique, il ne sut pas contenir les l'Évangile, Ahmed fit son entrée au Caire, fut partis qui s'agitaient en faveur de leur ancien proclamé calife, sous le nom de Mostanser- maître, et ne garda la couronne que 10 mois et Billah, et rendit un décret solennel, par lequel | 24 jours, après lesquels il fut forcé de la rendre il conférait à Bibars le titre de sultan, et l'in- à Mohammed, dont il implora vainement la clévestissait de l'empire des Mameluks. Ils entre-mence, et qui prit, avec son pouvoir, la vie de ceprirent ensuite de concert une expédition pour arracher Baghdad des mains des Mongols, expédition qui n'eut aucun succès, et qui coûta même la vie au calife. Bibars donna son titre à un autre abasside, mais il Jui ôla toute autorité et ne

caravanserai à Jérusalem, jeter un pont superbe sur un bras du Nil, réparer plusieurs mosquées, et élever plusieurs bâtiments dans toute l'étendue de son empire. Béréké-Kan, son fils, qu'il avait fait reconnaître longtemps avant sa mort, lui succéda. - BIBARS II, 12e sultan des

lui qui s'en était laissé investir. DICT. DE LA CONV.

BIBLE (en grec và Biblia). C'est la collection des livres sacrés du judaïsme et du christianisme. Cette collection, qu'on a surnommée à juste titre le Livre des livres, se distingue en trois grandes

séries, dont la première est originairement écrite | en hébreu ou en chaldéen, tandis que la seconde et la troisième le sont en grec. La première se compose de tous les livres canoniques du judaïsme; la seconde du recueil des apocryphes, dont la canonicité est devenue un objet de controverse; la troisième des livres canoniques du christianisme. Ensemble, les deux premières séries forment l'Ancien Testament, c'est-à-dire les livres de l'ancienne alliance; car le mot grec de dann, dont se servent les apôtres pour désigner le Code de l'ancienne alliance, a été rendu en latin par celui de Testamentum. La troisième | série forme le Nouveau Testament.

Dans l'histoire de la littérature, dans celle du développement de l'intelligence humaine en général, aucun livre n'a joué un rôle aussi important que la Bible; aucun ouvrage ne peut lui être comparé; nul ne mérite au même degré de devenir l'objet d'une étude approfondie. L'Iliade | a été pour la Grèce, à certaines époques, le Code des traditions religieuses, morales et politiques du pays : la Bible, depuis 30 siècles, est plus que cela pour la nation juive, et elle est plus que cela depuis 18 siècles pour une grande portion du genre humain. On a aussi comparé avec les volumes sacrés des Juifs et des chrétiens les écrits religieux de l'Orient, les Védas de l'Inde, le ZendAvesta de la Perse, le Coran des Arabes; mais plus on a approfondi cet examen, plus on a été frappé de la différence fondamentale qui existe entre ces Codes et la Bible.

Indiquer les diverses parties qui composent ce recueil si varié, les époques auxquelles se rapporte chacune d'elles et le caractère qui la distingue, ce ne serait encore en donner qu'une faible idée. Pour assigner à la Bible la place | qu'elle doit occuper dans les bibliothèques et pour apprécier l'influence qu'elle est appelée à exercer sur les destinées du monde, il faut envisager d'un côté l'origine qu'elle s'attribue et l'autorité dont elle jouit en vertu de cette origine, et d'un autre côté considérer l'attention qu'on a donnée à l'étude de ses textes et le degré de propagation qu'ils ont reçu. C'est en vain que nous essayerions de résumer aussi la richesse des doctrines qu'ils exposent, l'action morale que ces doctrines ont eue sur le monde, les bienfaits qu'elles y répandent. Ces questions, secondaires pour nous, seront l'objet d'articles spéciaux, et nous devrons nous borner ici à ce qui regarde la Bible comme collection de livres sacrés, comme

1 L'auteur de cet article écrit en protestant et les divisions qu'il suit sont celles que l'Allemagne protestante a adoptées. Ce

|

le Livre des livres. Indiquons d'abord les diverses parties dont se compose chacune des trois séries de traités qu'embrasse le Code biblique. I. Première série. Elle se compose de livres historiques, didactiques, prophétiques et poétiques. 1o Livres historiques. Cinq livres de Moïse, que les Juifs ont désignés sous le nom commun de loi (thora) et que les Grecs ont appelés Pentateuque, ouvrent cette magnifique collection. Le premier, la Genèse, raconte l'origine du monde et celle du genre humain, les mœurs et les erreurs des premiers hommes; la naissance des premiers peuples, celle du peuple de Dieu, les destinées de ses patriarches, leur entrée et leur séjour en Égypte. Le second livre, l'Exode, décrit l'oppression dans laquelle leurs descendants gémirent sous les Pharaons oublieux du passé; leur sortie de cette terre d'esclavage sous la conduite de Moïse; leurs migrations au désert, la loi divine, les institutions religieuses, morales et politiques qu'ils reçurent de Jéhovah sur le Sinaï. Le troisième livre, le Lévitique, donne le complément de cette grande loi, de ces puissantes institutions, de toute cette théocratie qui fut en Judée plus nette, plus franche et plus complète qu'en aucun pays ancien, et dont le culte, le sacerdoce et le pouvoir disciplinaire sont empreints d'un cachet si sublime. Le quatrième livre, celui des Nombres, après quelques dispositions législatives et quelques détails de statistique, peint le séjour au désert de la nouvelle nation, la lutte qui, au milieu de toutes les merveilles dont elle fut témoin, éclata dans son sein entre la démocratie et la théocratie; le triomphe de la dernière et les débuts de la conquête du pays promis. Le Deutéronome, ou le cinquième livre, nous montre Moïse prêt à quitter le monde, résumant et complétant son œuvre, désignant son successeur et jetant un premier et dernier regard sur la terre sainte que son pied ne foulera pas. La conquête de la Palestine et son partage entre les tribus d'Israël sont l'objet du livre de Josué. Celui des Juges peint l'anarchie qui, après Josué, divisa les conquérants, les défaites qu'ils essuyèrent dans leur désunion de la part des peuples de Canaan, les grands hommes qui s'élevèrent parmi les Hébreux, et les victoires que Jéhovah accorda à leur repentir. Le livre des Juges n'est pas l'ouvrage des divers personnages qui furent revêtus de ce titre. Les deux livres de Samuel1 ne sont pas non plus de ce pontife; mais ils

qu'elle nomme les deux livres de Samuel est ce que les catholiques intitulent les deux premiers livres des Rois, dont ils comptent

« PreviousContinue »