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CHAPITRE DEUXIÈME.

Obligations des indifférents.

De notre position à l'égard de la Bible, certaines obligations résultent incontestablement pour toutes classes d'hommes, pour les indifférents, pour les incrédules, pour les croyants.

Celui qui ferme les yeux et les oreilles à ces obligations solennelles, ne les anéantit pas pour cela, et si l'homme ne peut faire sentir à l'homme les périls d'une telle négligence, Dieu peut lui en faire sentir un jour les conséquences épouvantables.

Examinons-les donc, ces obligations, avec une sérieuse bonne foi, et disposés à les admettre aussitôt que nous en aurons découvert l'importance.

Commençons par les indifférents, que nous faisons juges eux-mêmes de la justesse des remarques que nous avons à leur présenter.

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y a deux

genres d'indifférence par rapport à la Bible: l'indifférence raisonnée, systématique, du philosophe, et l'indifférence naturelle, insoucieuse, de l'homme du monde. L'une repousse positivement l'obligation d'étudier la Bible; l'autre la néglige sans présenter de justification pour cette négligence.

L'obligation d'étudier la Bible a été attaquée

par J.-J. Rousseau de la manière la plus insidieuse dans la célèbre profession de foi du vicaire savoyard. Dépouillé des artifices du style, son argument se réduit à l'impossibilité d'examiner toutes les religions, et de choisir celle par laquelle l'examen devrait commencer.

La première partie de l'assertion est évidente, il faut l'accorder; mais si cet examen universel est impossible, il n'est heureusement pas indispensable. Autant vaudrait affirmer que l'homme doit s'empoisonner, à moins d'analyser tous les poisons et toutes les substances alimentaires, et qu'il ne faut pas manger avant d'avoir lu tout ce qu'on a écrit sur la chimie.

La seconde partie de l'assertion n'est nullement fondée; les preuves de la religion de JésusChrist, de même que son fondateur, «qui est venu chercher et sauver ce qui était perdu», n'attendent pas que l'habitant de la chrétienté vienne à elles, ce sont elles qui viennent à lui; ces preuves nous environnent de toutes parts, nous sollicitent in

cessamment. Parce qu'elles appartiennent au monde invisible, elles n'ont pas une nature palpable, mais un genre d'évidence qui leur est propre et qui n'est pas moins décisif. N'en déplaise au philosophe de Genève, il n'est nullement besoin de courir l'univers et de secouer la poudre de tous les in-folio pour devenir très-raisonnablement chrétien, pas plus qu'il n'est besoin de connaître toutes les sciences pour profiter de leurs bienfaits, d'être habile astronome pour jouir de la lumière du soleil, et bon mécanicien pour voyager en chemin de fer.

Ce sophisme est basé sur deux erreurs qu'on a habillées de mille manières, mais qu'on retrouve presque toujours dans les attaques de l'incrédulité. La première consiste à supposer que l'on ne peut croire raisonnablement sans le secours des preuves scientifiques; et la seconde, que la vérification de toutes ces preuves doit être individuelle. Quand on a soi-même posé l'édifice sur un sable aussi mouvant, il ne faut pas

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