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père du mensonge de tous les biens qu'ils avaient reçus de leur Père céleste, et leur volonté s'est trouvée captive sous la loi du péché. Incapables de la moindre bonne œuvre, ils n'ont plus eu de liberté que pour faire le mal auquel ils ont été fortement enclins par leur nature corrompue. Mais, si en notre chair il n'habite point de bien (Rom., VII, 18); si par nous-mêmes nous ne pouvons absolument rien de bon, nous pourrons cependant toutes choses en Christ qui nous fortifie. C'est ici le cas de ceux que nous appelons régénérés ou enfans de Dieu par Jésus-Christ. Lorsque vous étiez morts en vos fautes et en vos péchés, dit saint Paul aux Ephésiens (ch. II), dans lesquels vous avez marché, suivant le train de ce monde, selon le prince de la puissance de l'air, qui est l'esprit qui agit maintenant avec efficace dans les enfans rebelles, Dieu vous a vivifiés ensemble avec Christ, par la grâce duquel vous êtes sauvés. Il a aboli l'inimitié de la chair, afin que nous fussions des hommes nouveaux. Dieu ayant eu compassion du misérable état où l'homme s'était plongé par sa faute, a bien voulu se révéler à lui dans sa Parole; et, parce qu'il était impossible que les pécheurs s'approchassent de Dieu, Dieu a été assez bon pour descendre jusqu'à eux, afin de les instruire des choses qui appartiennent à leurs inté– rêts éternels. Comme ils ne pouvaient invoquer son nom et croire en lui, vu qu'ils ne le connaissaient point et qu'ils n'en avaient jamais entendu parler, il leur a envoyé des messagers pour leur parler de sa part. La foi vient de l'ouïe (Rom., X, 14, 17); mais afin que cette Parole ne fût pas une lettre morte, il l'a accompagnée de son saint Esprit qui l'a rendue vivante et efficace (1 Pierre, I, 23), une épée à deux tranchans pour faire mourir le vieil homme, un marteau poùr briser nos cœurs de pierre, un feu consumant pour détruire les immondices du péché, enfin la puissance de Dieu en salut à tout croyant (Rom., I, 16). Les hommes, dans leur état de péché, étaient comme morts quant à la connaissance et aux vertus de Dieu. L'Ecriture-Sainte nous l'apprend, l'histoire de tous les siècles anciens et l'état actuel des peuples qui ne connaissent point l'Evangile, sont là pour le confirmer. Ils ne

par son

voulaient ni ne pouvaient connaître Dieu et le servir par euxmêmes. Pour qu'il en fût autrement, il fallait nécessairement que Dieu se révélât à eux, afin de leur donner le vouloir et le faire (Philip., II, 13). Il donne le vouloir, en ce qu'il dissipe les ténèbres, les préjugés, les vains prétextes, les faux raisonnemens qui obscurcissaient notre faible raison; qu'il impose silence à nos passions, et que, par une douce et sainte persuasion, il détourne notre volonté du mal, en l'inclinant et en la convertissant au bien. Il donne le faire, en venant au secours de ceux qui veulent venir à lui pour avoir la vie, en les soutenant, en les conduisant et en les tirant à lui Esprit de grâce, de force et de sanctification, par lequel il veut les rendre victorieux de leur propre chair, du monde et de la mort, et leur donner gratuitement la couronne de l'immortalité bienheureuse. C'est ainsi que le divin soleil de justice éclaire par sa pure lumière ceux qui marchaient dans la vallée de l'ombre de la mort, et les vivifie par les bénignes influences de ses rayons. De cette manière, l'Esprit de Christ rétablit en l'homme l'image de Dieu, que le péché en avait effacée. Affranchis de la loi du péché, nous devenons véritablement libres (Phil., I, 6; Jean, VIII, 36). Là où est l'Esprit de Dieu, là est la liberté (2 Cor., III, 17). Rachetés de la puissance de satan, nous obtenons le droit d'être faits enfans de Dieu et de pouvoir l'appeler notre Père. De même que nous mourions tous en Adam, de même aussi nous pouvons tous vivre en Jésus-Christ. Nous repoussons cependant la calomnie de ceux qui nous accusent d'enseigner que l'homme est poussé malgré lui à faire le bien par la puissance du saint Esprit. Nous enseignons, au contraire, que les chrétiens sont devenus libres par un pur don de Dieu, qu'ils ont choisi la bonne part sans contrainte, et qu'ils ont tout quitté pour suivre leur Sauveur, parce qu'ils savent qu'il a les paroles de la vie éternelle; qu'ils ont cru et qu'ils ont connu qu'il était le Christ, le Fils du Dieu vivant (Jean, VI, 68 et 69). Ils sont à Dieu un peuple de franche volonté : c'est une joie pour eux de lui obéir. Ils parlent et ils agissent comme devant être jugés par la loi de la liberté. — Maintenant qu'on nous dise si

l'homme aurait pu éclairer son esprit, changer son cœur, briser les liens du péché, se soustraire à la mort et se mettre en paix avec Dieu par les facultés naturelles de son libre arbitre? En attendant qu'on nous réponde, ceux qui connaissent le don de Dieu (Jean, IV, 10) lui serviront toujours de témoins qu'ils n'avaient rien de bon dans leur cœur avant de le connaître, et qu'ils ont TOUT reçu de son infinie miséricorde ! (1 Cor., IV, 17.) Ceux qui ne veulent pas tout recevoir de lui, accepter ses grâces, se confier en ses promesses, se laisser conduire par sa Parole avec l'humilité de petits enfans, demeurent dans leur endurcissement, dans la mort du péché; ils sont déjà condamnés (Jean, III, 18). — Nous observerons encore, avec la Confession de foi des Eglises de Suisse, que la liberté n'est point parfaite dans les régénérés; qu'elle y est, au contraire, faible à cause des restes malheureux du vieil homme que Dieu laisse en eux, afin de leur faire sentir continuellement leur faiblesse, et pour qu'ils ne se glorifient pas de la liberté qu'ils ont reçue, comme s'ils ne l'avaient pas reçue. Tant que nous sommes dans ce monde, maudit à cause du péché, la chair convoite contre l'esprit, et l'esprit contre la chair; tellement que nous ne faisons pas le bien que nous voudrions (Gal., V, 17). Mais nous savons que toutes choses sont possibles à ceux qui croient, et que ce qui nous fera remporter la victoire sur le monde, c'est notre foi. Si nous veillons sur nous-mêmes, nous ne tomberons point dans les embuches du lion rugissant qui rôde sans cesse autour de nous, cherchant à nous dévorer; et si nous implorons continuellement les secours de notre Père céleste, il nous revêtira de ses armes divines (Eph., VI, 13-18) et nous rendra plus que victorieux en toute chose. On demandera, au sujet du péché originel, pourquoi les enfans des régénérés ne naissent pas avec des dispositions au bien plutôt qu'au mal? • Du juste baptisé, dit saint Augustin, le non-juste est né. Le prépuce qui était ôté en la circoncision se retrouvait en ceux qui naissaient des circoncis. La balle qui est séparée du grain par l'art et le travail de l'homme, se retrouve toutefois encore en l'enveloppe du grain qui naît de celui qui avait

été nettoyé. Comme de la semence de l'olivier sauvage s'engendre un olivier sauvage, et de la semence du vrai et, franc olivier ne s'engendre encore que l'olivier sauvage, ainsi, tant de la chair du pécheur que de la chair du juste, est engendré le pécheur.» (Traité des mérites, liv. III, ch. 8; Traité des noces, liv. XVII, ch. 19.) Les catholiques romains nous disent aussi : Si nous sommes privés de la liberté pour faire le bien, pourquoi les Ecritures renferment-elles tant de commandemens et d'exhortations? Voici la réponse que leur fait André Rivet (Sommaire des controverses, Traité 3): « Ces exhortations sont adressées aux hommes non régénérés ou aux fidèles. Si c'est aux seconds, nous ne nions pas qu'ils aient la liberté de faire le bien avec l'assistance de l'Esprit du Seigneur, et alors les exhortations leur sont profitables. Si c'est aux premiers, nous dirons que ce n'est pas une chose vaine ou absurde de solliciter un débiteur au paiement de ce qu'il doit, quoiqu'il n'ait pas la bonne volonté de payer, ni le pouvoir de le faire. Si nous avons oublié notre dette envers Dieu, si nous ne connaissons pas combien elle est grande et l'impuissance où nous sommes de pouvoir la payer, l'Ecriture nous le fait sentir; et, si nous n'avons pas de quoi payer, elle nous indique où nous pourrons trouver une caution, un Sauveur qui nous donnera gratuitement. Et à ceux qui demeurent dans leur perversité, elle leur montre que Dieu ne leur fait point de tort de les punir, ou de leur faire payer par peines ce qu'ils doivent, puisqu'ils ont été rendus insolvables par le mauvais ménage de leur père, approuvé et continué par le leur. Prosper répond à Cassian, demi-pélagien, qui lui faisait la même objection: Ces choses sont commandées à l'homme, afin que, par le commandement de Dieu, il soit averti du bien qu'il a reçu, qu'il reconnaisse qu'il l'a perdu par sa faute, et qu'il sente que la demande qui lui en est faite n'est pas injuste; mais que de la lettre qui tue il ait recours à l'Esprit qui vivifie, et cherche en la grâce la faculté qu'il n'a pas trouvée en la nature. S'il le fait, il reconnaîtra que c'est une grande miséricorde du Seigneur; s'il ne le fait pas, il éprouvera que c'est une juste peine du péché. En somme, par telles exhortations,

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comme par instrumens utiles, Dieu opère en ses fidèles, faiz sant en eux ce qu'il commande; il répond intérieurement, par l'opération de son Esprit, à l'exhortation qu'il a faite extérieurement par sa Parole. » On nous objecte encore ce passage de saint Augustin (de Verb. apost. serm., 17): « Celui qui t'a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi; » c'est-à-dire, ajoute-t-on, sans le libre arbitre. Nous répondons que nous avons de fortes raisons de croire que ce passage a été falsifié ; car, dans plusieurs anciens exemplaires, on lit : « Celui qui t'a créé sans toi ne te sauvera-t-il pas sans toi ? » — - Enfin qu'on y prenne bien garde, pour peu qu'on accorde aux forces de l'homme, rien n'empêche qu'on ne leur accorde beaucoup et qu'on ne fasse l'enfant d'Adam auteur de son propre salut. Alors on rend inutile la grâce de Dieu, le sacrifice de Christ et la révélation elle-même. Qu'on se souvienne de la punition de ces hommes orgueilleux qui voulurent bâtir une tour qui s'élevât jusqu'aux cieux, et qui furent confondus dans la témérité de leur présomptueuse entreprise. Nul ne peut venir à moi, dit le Seigneur, si mon Père, qui m'a envoyé, ne le tire (Jean, VI, 44). Tire-nous donc, ô mon Dieu, et nous courrons après toi! (Cant. des cant., I, 4). Amen.

André BLANC, pasteur à Mens.

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Extrait d'une lettre de M. le pasteur Colany, à Lemé.

Vous apprendrez, sans doute avec plaisir, que notre brave colporteur Derbecq vient de découvrir une petite congrégation biblique, à Genlis, près de Chauny (Aisne). Cette petite congrégation est entièrement composée de catholiques qui ont quitté l'Eglise romaine au commencement de la révolution. Ce fut un moine qui les porta à quitter les erreurs de leur Eglise, et à ne se conduire que d'après la Bible. Aussi y sontils extrêmement attachés; ils la veulent dégagée de toute es

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