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CHAPITRE XLI.

DU MARDI.

I. Ce mardi rappelle les œuvres du troisième jour de la création, qui sont : Congregentur aquæ omnes, « Que toutes les eaux se réunissent en un même lieu, et que la terre porte des fruits; » ce qui a lieu quand l'homme, détaché des voluptés charnelles, jeûne par charité.

II. Le jeûne est une institution utile et louable, pour que l'homme ne se préoccupe pas trop de la nourriture corporelle, comme le dit l'Evangile : Nolite solliciti esse, « Ne vous inquiétez point, etc., » c'est-à-dire n'ayez point cette inquiétude, ce souci exclusif qui absorbe toutes vos pensées; mais que votre sollicitude ne soit que de la prévoyance. Cette prévoyance est permise, et même c'est un devoir. C'est pourquoi l'introït est Tibi dixit cor meum: Exquisivi te, etc.; «Mon cœur t'a dit: Je t'ai recherché, etc. » Il est du troisième ton, à cause de la création du troisième jour.

III. Dans l'épître Factus est sermo Domini, etc. (III Rois, chap. xvii), l'Eglise nous exhorte à ne pas avoir trop de sollicitude pour les besoins de notre corps; c'est pourquoi elle nous propose Elie, qui fut nourri par la veuve de Sarepta et par un corbeau, et qui lui-même nourrit la veuve, en disant : « La farine de ton urne ne fera pas défaut, » c'est-à-dire la grâce ne manquera pas à ton cœur ; l'huile de ton vase ne te fera pas défaut, c'est-à-dire la grâce et l'onction de l'Esprit saint, qui viennent d'en haut, seront sur toi. L'Evangile nous adresse les mêmes exhortations: Super cathedram Mosi, etc. (Math., chap. xxi), où suivent ces paroles : « Vous n'avez qu'un seul maître et qu'un seul père, qui est dans les cieux et qui prend

soin de tous les hommes. » Dans l'introït, la veuve de Sarepta montre encore son amour pour le Christ, en disant : Tibi dixit cor meum. Dans le graduel, elle se console et s'encourage elle-même par ces mots : Jacta cor tuum, etc. Dans l'offertoire, elle implore miséricorde. Dans la communion, elle est tranquillisée et promet de raconter les merveilles du Seigneur, en disant : Miserere mei, Deus, et narrabo mirabilia tua : « Aie pitié de moi, mon Dieu, et je raconterai tes merveilles. >>

CHAPITRE XLII.

DU MERCREDI.

I. Ce mercredi a trait à la pénitence, et c'est un jour de pénitence, car c'est en ce jour que le Sauveur a été livré; et l'on montre dans l'épître Oravit Esther (chap. XIII), combien la prière fut utile à cette jeune fille, car c'est par la prière et le cilice dont elle se revêtit, qu'elle obtint que l'impie Aman fût pendu au gibet qu'il avait préparé pour Mardochée; et, comme c'est par la crainte du jugement que l'on conçoit les premiers sentiments de pénitence, c'est pourquoi l'introït Ne derelinquas me est tiré du psaume pénitentiel qui est intitulé: << Psaume pendant l'octave de la Résurrection, » c'est-à-dire Domine, ne in furore tuo.

II. Or, comme la pénitence n'a de valeur qu'autant qu'on imite le Christ, c'est pourquoi on lit l'évangile Ascendens Jesus, etc., de saint Mathieu, qui a trait à la passion du Christ, comme on le voit dans ces termes : Ecce ascendimus Hierosolymam, «Voici que nous montons à Jérusalem. » C'est que les fils de Zébédée lui demandèrent à être assis l'un à sa gauche, l'autre à sa droite : « Pouvez-vous, leur répondit le Seigneur, pouvez-vous boire le calice que je dois prendre? etc. >>

Celui qui ne boit pas ce calice ne participe point au calice de gloire, et le Christ se propose comme modèle aux apôtres, qui s'indignaient des prétentions des fils de Zébédée.

CHAPITRE XLIII.

DU JEUDI.

I. Ce jeudi a trait à la création des poissons et des oiseaux, c'est-à-dire à ceux qui ne se confient pas dans le Seigneur, dont il est question dans l'épître Maledictus homo qui confidit in homine, de Jérémie (chap. xi), « Maudit sera l'homme qui met sa confiance dans l'homme et qui place son appui sur un bras de chair, etc.; » puis ensuite : « Béni est celui qui se confie dans le Seigneur. » On en donne la preuve dans l'évangile Homo quidam, de saint Luc (chap. xvi), qui parle du mauvais riche et du Lazare. Le riche ne se confiait pas dans le Seigneur, et voilà pourquoi il fut précipité dans l'enfer; mais le pauvre Lazare mettait en lui toute sa confiance, et voilà pourquoi il repose dans le sein d'Abraham. Dans l'offertoire Precatus est Moses, on montre l'efficacité de la prière du juste; car Moïse était un agneau, lui qui fut le plus doux et le plus clément de tous les hommes (or, c'est lui qui figure notre jeûne), et il parvint à calmer la colère du Seigneur, irrité contre les Juifs qui avaient élevé le veau d'or.

II. On lit encore en ce jour l'évangile où le Seigneur nous apprend qu'il ne faut pas avoir confiance dans le témoignage des hommes, mais dans celui de Dieu seul; puis, parlant de luimême selon la fragilité de la chair, il dit : « Si je rends témoignage de moi-même, mon témoignage n'est pas vrai. » Et plus bas il ajoute : « Ce n'est pas un homme qui rend témoignage de moi; » et plus loin : « J'ai un témoignage qui est plus grand que celui de Jean-Baptiste. » La leçon précitée de

Jérémie : « Maudit est l'homme qui se confie dans un autre homme, » et ensuite : « Béni celui qui se confie dans le Seigneur,» se rapporte parfaitement avec ce dernier évangile. L'Eglise, pleine de confiance, prie donc dans l'introït, dans le graduel, et aussi dans la personne de Moïse; à l'offertoire, il y a une répétition des mêmes termes, parce que le législateur intercéda souvent pour le peuple d'Israël auprès du Seigneur. Nous avons déjà parlé de cela au chapitre du Dimanche après l'Epiphanie.

III. La communion Qui manducat, de saint Jean (chap. vi), montre quels avantages retire celui qui met sa confiance en Dieu, c'est-à-dire qu'il demeure dans le Christ et que le Christ demeure en lui. Or, cette communion conviendrait bien au samedi avant le dimanche des Rameaux.

IV. Or, il faut remarquer que, comme le précédent dimanche n'a pas d'office propre, comme on l'a dit alors, de même tous le jeudis de Carême, jadis, manquaient d'office propre, excepté peut-être le Jeudi saint; cependant ce jour-là emprunte son introït au mercredi qui le précède, car, de même que chaque jeudi, par l'autorité du pape Melchiade (De consec., d. III, Jejunium), était exempté du jeûne, de même aussi il était exempt d'office. C'est pourquoi le bienheureux Grégoire n'institua aucun office pour ce jour-là. Néanmoins, on chantait matines et vêpres. Il était donc nécessaire qu'à Benedictus et à Magnificat on tirât des antiennes des évangiles des autres jours.

V. Or, ce fut le pape Grégoire qui institua le jeûne et l'office du jeudi, sans toutefois changer ce qui avait été établi auparavant touchant matines et vêpres; d'où vient que les antiennes qui se chantent à Benedictus et à Magnificat, à l'office du jeudi, ne s'accordent pas avec les évangiles de ce jour, comme nous l'avons dit au chapitre du Jeudi de la semaine précédente.

CHAPITRE XLIV.

DU VENDREDI.

I. Ce vendredi a trait au sixième jour de la création, dans lequel l'homme fut créé, et l'Eglise nous exhorte à la douceur et à la patience, et à bannir de nos cœurs tout sentiment de colère, à l'exemple de Joseph et du Christ. L'épître Dixit Joseph est tirée de la Genèse (ch. xxvi) et a trait à Joseph, qui souffrit beaucoup de la part de ses frères, et qui cependant parvint, bien qu'ils en eussent, à un haut degré d'élévation.

II. L'évangile, qui est de saint Mathieu (chap. xI), nous invite à la pratique des vertus précitées, à l'exemple du Christ : Homo erat. Un père de famille planta une vigne, c'est-à-dire le peuple juif, par la doctrine de la loi. A la fin, après avoir envoyé d'abord ses serviteurs aux vignerons, il leur donna son propre fils, qu'ils mirent à mort. C'est par ces vertus, c'est-àdire par la douceur et la patience, que nous serons rassasiés dans la vie future. C'est pourquoi l'introït est : Ego autem, cum justitia apparebo in conspectu tuo... satiabor, etc., « Pour moi, je paraîtrai devant tes yeux avec la seule justice, et je serai rassasié lorsque tu m'auras fait paraître ta gloire. » L'Eglise nous exhorte à supporter les persécutions pour la justice, dans le graduel Ad Dominum, cum tribularer, clamavi, etc.; dans l'offertoire Domine, in auxilium; et dans la communion Tu, Domine, servabis.

CHAPITRE XLV.

DU SAMEDI.

I. Le samedi traite de la conversion ou de la confession, par où l'homme s'abstient des œuvres serviles, et ainsi sabbatise et

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