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les choux; de là vient que pour faire l'éducation harmonienne des pères et mères engagés dans la première phalange, il faudra employer les champs de fleurs concurremment avec la gastronomie élevée au mode GASTROSOPHIQUE, 303. Motivons cette préférence.

Quelles sont les branches de culture sur lesquelles la phalange d'essai pourra opérer? Il en est neuf.

Grande culture, grains, vignes,

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La plupart de ces branches ne fourniront que peu ou point d'intrigues industrielles dans le début : on ne pourra pas encore s'occuper des forêts; les vergers seront sans intérêt, à moins de transplantation indiquée au devis; le grand bétail occupe trop de temps pour une phalange peu experte et qui doit créer promptement des intrigues actives; la grande culture, graminées et vignes, aura le même inconvénient; les viviers seront probablement réduits à peu de chose; les fleurs et serres fourniront quelques amorces, mais le fort de l'attraction ne pourra porter que sur les jardins et les colombiers, deux objets qui se lient intimement avec le travail de cuisine et conserve: les 3 branches réunies tiennent à la gastronomie ; on ne pourra donc les intriguer vivement et promptement que par application des intrigues gastronomiques.

Je n'avais pas autant approfondi ce sujet, lorsque j'écrivis le traité de 1822: par déférence pour les préjugés de trivialité, j'insistai trop peu sur la nécessité de la gastronomie, ressort le plus efficace au début : je craignais que cette branche de théorie ne parût manquer de gravité, et je ne la produisais qu'étayée de calculs très-rigoureux, comme ceux de l'article I, 439.

Aujourd'hui, après six ans d'observations qui ont mûri d'autant la théorie, j'insiste sur la nécessité de spéculer

principalement sur la gastronomie appliquée aux travaux culinaires et agricoles; c'est le plus sûr moyen de faire éclore en peu de temps les attractions industrielles.

Il faudra surtout désabuser les femmes toutes prévenues contre cette passion, les façonner à l'amour de la table par les repas de corps et de fantaisie alternés, par les mélanges de sexes et les serviteurs aimables; une réunion de 10 à 12 hommes entre en gaîté si elle voit le service du dîné fait par 2 ou 3 jolies filles; le repas sera beaucoup moins gai si on le fait servir par 2 ou 3 béates.

Il faudra, dans la phalange d'essai, ménager de même aux tables de femmes un service de beaux jeunes gens, ce sera un moyen de plus pour ramener le sexe aux raffinemens gastronomiques. Je parlerai des antiennes, qui sont un moyen très-puissant (g.e notice); d'ailleurs la table plaira aux femmes par le choix de compagnies passionnément assorties au moyen des négociations faites jour par jour à la bourse. Les femmes n'auront plus l'ennui d'un comité mâle, qui à table ne les entretient que de la charte, du budget, du trois pour cent, des élections, du commerce et autres pesanteurs assommantes pour elles. Quant aux hommes et aux enfans, on ne sera pas en peine de les passionner promptement pour la gastronomie appliquée.

Il est encore de nombreux ressorts d'attraction industrielle, qui influeront puissamment sur les femmes et les enfans; tels seront, à la culture, les champs de fleurs cultivées sous tente mobile, pour la parfumerie, 168, et pour les graines, 172; aux ateliers, une chance très-propre à passionner les femmes, sera celle du travail de faveur, de bienveillance, de courtoisie, tel que celui de Céliante pour Bastien, 291; la faculté assurée à chaque femme, de travailler pour tel jeune homme, en passionnera bon nombre pour les fonctions qu'elles dédaigneraient sans cette amorce, et dont l'amour leur donnera le goût, l'initiative, pas le plus difficile à franchir.

Une conclusion à tirer des tableaux contenus dans les

sections III et IV, c'est que plus le sexe mâle donne de liberté aux deux autres sexes, femmes et enfans, plus il est riche et heureux. On a vu qu'en harmonie un père est délivré du fardeau dispendieux nommé ménage, entretien de femme et enfans, frais d'éducation, de placement, dotation, etc.; tout le monde est placé dans sa phalange même, à la culture, aux fabriques, aux sciences, aux arts, dont il tire d'amples bénéfices : le père n'a d'autre tâche que de féliciter ses enfans, sans dépenser une obole pour eux. Le produit, estimé aujourd'hui

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mère 1, devient mère 9. Différence de 7 à 28. père 5,

père 12.

Tel sera le fruit de la vraie liberté fondée sur l'essor de l'attraction. Les résultats en richesse et bonheur seront plus brillans encore, quand on pourra, au bout d'un demi-siècle, organiser l'amour et la paternité libres.

Entravé sur ces deux passions, l'état sociétaire ne sera point entravé sur l'ambition, qui nous paraît la plus indomptable de toutes; on verra en 5.o section qu'elle est la plus flexible, et que rien n'est si aisé que de concilier César et Pompée, Bonaparte et Louis XVIII. C'est un problème qui doit répandre de l'intérêt sur la 5. section, à laquelle nous allons passer, et qui enseignera l'art d'établir d'autant plus de justice et d'harmonie sociale, que les ambitions seront plus insatiables de grandeurs êt de richesses. Le problème peut sembler gigantesque aux yeux des philosophes, il n'est qu'un jeu d'enfant pour qui connaît la théorie du mécanisme sériaire des passions.

J'ai omis un préalable bien utile qu'il eût convenu de placer avant le procédé de répartition; c'est le calcul des ralliemens passionnels ou accords des seize antipathies sociales. J'ai expliqué un de ces ralliemens, en traitant de la domesticité passionnée. J'ai préludé sur quelques autres, on peut donc renvoyer l'ensemble du sujet à la 9. notice, et passer dès à présent au mécanisme de répartition, que le lecteur se lasserait d'attendre.

SECTION CINQUIEME.

DE L'ÉQUILIBRE GÉNÉRAL DES PASSIONS.

NEUVIÈME NOTICE.

DE L'ACCORD EN RÉPARTITION.

CHAP. XXXIII. De la classification des Séries.

RIEN n'est plus aisé que de répartir en proportion du capital, c'est une opération purement arithmétique, bien connue de tout le monde; mais la rétribution du travail et du talent, l'art de contenter chacun sur ces deux points est tellement ignoré, que tous les civilisés se plaignent d'injustice et passe-droits vexatoires sur l'une et l'autre dette; il serait impossible de satisfaire ces deux prétentions, s'il fallait donner à chaque individu le produit direct de son travail dans une trentaine de séries et une centaine de groupes dont il est coopérateur; on serait obligé de vendre séparément chaque récolte, partager le montant d'un carreau de choux à plusieurs groupes qui l'ont soigné en exercice parcellaire, tel groupe en labourage, tel autre en plantation ou semis; celui-ci en arrosage, celui-là en soin des grains : ce serait une complication indéchiffrable; il faut une méthode expéditive, qui abrège comme l'algèbre en comparaison de l'arithmétique.

Pour expliquer ce mécanisme de répartition abréviative, il faut enseigner d'abord à classer les séries selon leur degré d'importance et de droits à un dividende plus ou moins fort. Chaque série étant associée et non pas fermière de sa phalange, elle perçoit un dividende, non sur le produit de son travail spécial, mais sur celui de

toutes les séries; et sa rétribution est en raison du rang qu'elle occupe dans le tableau des fonctions, divisé en trois classes, nécessité, utilité et agrément.

Par exemple telle série qui produit les graminées ne perçoit ni demi, ni tiers, ni quart du produit de ses grains recueillis; ils entrent dans la masse du revenu à vendre ou à consommer; et si la série qui les a produits est reconnue de haute importance en industrie, elle est rétribuée d'un lot de 1.er ordre dans la classe où elle figure. La série qui produit les grains est évidemment de la 1.ere classe dite nécessité; mais dans cette classe, on peut distinguer environ cinq ordres de séries; et il est probable que celle qui produit les grains, froment, seigle, orge, avoine, maïs, etc., sera tout au plus de 3.e ordre en échelle de nécessité; car le travail de labour et celui de manutention du grain ne sont pas répugnans, et doivent être classés après les répugnans qui sont au 1.er des cinq ordres de nécessité.

Le travail des Petites Hordes est le 1er de tous: vient ensuite celui de boucherie où elles interviennent pour la partie fétide ou triperie. Les fonctions des nourrices, des pouponistes et des infirmistes étant répugnantes, doivent être classées avant celles du labour; il en est de même des fonctions chirurgicales et médicales, ainsi que du travail des corvéistes: ces emplois comprennent plusieurs, séries qui figurent en 1.er ordre dans la classe de nécessité.

Répétons que ce n'est pas sur la valeur du produit qu'on règle les rangs, c'est sur l'influence d'un travail en mécanique d'attraction et d'harmonie : voici à cet égard, un problème sur lequel se tromperont tous les civilisés. Laquelle des deux séries de FLORICOLES ou FRUCTICOLES doit-être placée avant l'autre? Chacun répondra que ce n'est pas un sujet de doute, que les fruits sont infiniment plus précieux que les fleurs; donc la grande série qui cultive les vergers, les espaliers, doit non-seulement être classée avant celle qui cultive les fleurs, mais celle des fructicoles doit-être placée en ca

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