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INTRODUCTION.

La célébrité d'OBERLIN doit nécessairement rejaillir sur le pays qui fut le théâtre de sa vie toute pieuse, toute philanthropique, sur le Ban-de-la- Roche, ce repli des Voges, jadis si obscur, et dont le nom, désormais inséparable de celui de son bienfaiteur, est répété dans les différentes parties du globe. C'est pour cette raison qu'il nous paraît convenable de faire précéder la biographie d'Oberlin d'une notice topographique et historique sur ce pays. Nous espérons d'ailleurs que les détails dans lesquels nous allons entrer ne seront pas dépourvus de tout intérêt.

L'heureuse civilisation des habitans du Ban-de-laRoche, presque sauvage, il y a un siècle, et aujourd'hui si intéressant, a été commencée par le vénérable pasteur STUBER, qu'Oberlin se plaisait à appeler son excellent devancier. Cette introduction devra renfermer une notice sur cet homme de bien, afin d'établir exactement la situation dans laquelle se trouvait le pays, au moment où son sort temporel et spirituel fut confié par la providence aux soins généreux et paternels d'Oberlin.

NOTICE

SUR

LE BAN-DE-LA-ROCHE.

Lieux charmans, doux asiles,

Où la vie est plus pure, où les cœurs plus tranquilles
Ne se reprochent point les plaisirs qu'ils ont eus.
DELILLE,

LE Ban-de-la-Roche*), qui tire son nom du vieux château de-la-Roche, a environ six lieues de circonférence; ses limites sont: 1. en tirant du Nord à l'Est le ban de Pass, ci-devant dépendant de l'évêché de Strasbourg; 2. de l'Est au Sud, les forêts de la commune d'Oberehnheim et de celle de Barr; enfin la forêt dite Streitwald, (forêt en litige) ainsi nommée parce que la propriété en est contestée à la ville de Strasbourg, par la ville de Barr et par quelques villages des environs; 3. du Sud à l'Ouest, le ban de Breitenbach, celui de Steig, celui de Colleroy-la-Roche, tous trois

*) V. sur la partie géologique et physique de ce pays l'ouvrage de feu M. Henri Oberlin, intitulé: Propositions géologiques pour servir d'introduction à un ouvrage sur les élémens de la chorographie, avec l'exposé de leur plan et leur application à la description du Ban-de-la-Roche. Strasbourg, chez Levrault, 1806. Sur la partie historique l'Alsatia illustrata de Schopflin; la Chronique de Speckle; le Dictionnaire d'Alsace de Horrer; l'Histoire et description de l'Alsace, (Geschichte und Beschreibung des Elsasses) par Billing. Sur la partie géographique et historique le manuscrit de M. Stuber, transcrit en français et en allemand dans le manuscrit in-fol.° d'Oberlin, intitulé: Annales, (page 84 - 107).

dans le Val-du-Villé et le ban de St. Blaise; 4.° de l'Orient au Nord la ci-devant principauté de Salm, réunie à la France au commencement de la révolution, séparée du Ban-de-la-Roche par la Bruche, qui autrefois servait de frontière sur ce point, aux provinces d'Alsace et de Lorraine.

Le Ban-de-la-Roche est divisé en deux paroisses, celle de Rothau et celle de Waldbach (vulgairement Waldersbach).

Nous devons faire observer dès à présent que nous nous occuperons plus spécialement de celle de Waldbach parce que c'est elle qui s'est trouvée sous la direction immédiate d'Oberlin, tandis que l'influence de ce digne pasteur sur l'autre paroisse et notamment sur son cheflieu, où il y a des forges et des manufactures et dont la population est nécessairement variable, n'a pu être qu'accessoire et a dépendu en même tems de la bonne volonté des différens pasteurs qui se sont successivement trouvés à la tête de cette cure.

Les deux paroisses sont séparées par un enchaînement de montagnes, parmi lesquelles nous nommons la Bærhæh, (Bärenhöhe, hauteur aux ours,) le Solomont, (mons solus) et le Mont-St.Jean.

La paroisse de Rothau est composée de trois villages et de deux hameaux, savoir: Rothau même, endroit assez considérable, ci-devant chef-lieu du Ban-de-laRoche, où se trouve l'ancienne maison seigneuriale, que l'on appelle encore le château, Neuwillers, Wildersbach, Haute-goutte (Haute-côte) en allemand Oberrothau, Riante-goutte (Riante-côte) en allemand Ringelsbach. La paroisse de Waldbach est composée de cinq

villages et de trois hameaux, savoir; Waldbach, Belmont (Schönberg), Bellefosse, Sollbach ou Zollbach, Fouday (Urbach), la Hutte, le Pendbois (Hangholz, Freudeneck), Trouchy.

Lors qu'on va de Strasbourg au Ban-de-la-Roche, par la vallée de la Bruche, on passe par Mutzig et par Schirmeck, dont le site est extrêmement pittoresque. Un peu plus loin est Rothau, où se trouvent des forges et des filatures, et qui est le premier endroit du Ban-de-laRoche. Ce dernier est séparé du Ban de Russ par la petite rivière de Rothaine. La nature s'y montre sous des formes austères et agrestes. Une partie des terres est cultivée, l'autre est couverte de genêts ou de forêts. Le pays présente une réunion de vallons étroits, sur tous les points desquels jaillissent des sources limpides, qui fertilisent les prairies et vont grossir les torrens dont les eaux roulent dans le fond, sur des quartiers de rochers. Des hameaux et des chaumières isolées, sont jetées comme au hazard et dispersés sur des groupes de montagnes charmantes; tandis que d'autres sont commę ensevelis dans les intervalles qui séparent ces sommets ombragés de sapins. Enfin, les ruines mystérieuses du château de la roche dominent sur une hauteur escarpée, rappellent les terreurs du moyen âge, et ajoutent un charme de plus à l'aspect général de la contrée, qui est comme une miniature de la Suisse.

Le Ban-de-la-Roche fait partie des contrepentes et des ramifications occidentales de l'embranchement du Haut-champ, improprement appelé Champ du feu, du mot patois Champ de fé, en allemand Viehfeld, Hochfeld. De ce Champ du feu la vue embrasse un horizon

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Lath. de Simon Pet F à Strasbourg.

YUE DE LA VALLÉE

DE SCHOUR MORCK

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