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Cependant la différence de sentimens qui subsistoit entre les deux puissances, sur ce point de morale religieuse, ne rompit jamais l'unité de la foi, ni la communion avec le Saint-Siége.

Car le Pape assistoit quelquefois avec le roi, les évêques, et les seigneurs laïcs, non seulement à l'office divin, mais à ces assemblées même où se faisoient les réglemens pour l'exécution de la loi du Divorce,

Il s'en fit de cette espèce au concile de Quierci, où se trouvoit le pape en personne, en l'année 754(1), et au concile de Compiégne, auquel assistoient ses légats en l'année 757 (2).

(4) Can. 3, etc.
(2) Can. 6, 7, 8.

D'ailleurs, tous les monumens attestent que pendant les deux premiers siècles de la monarchie, nos rois entretinrent toujours des liaisons intimes avec les souverains pontifes.

On conserve encore à la bibliothèque du Vatican les lettres que le Pape (1) écrivoit au roi Pepin : elles sont remplies d'expressions affectueuses pour sa personne, et d'éloges magnifiques de son zèle pour la religion (2).

C'étoit pourtant ce prince qui ve

(1) Etienne II.

(2) Ces lettres sont adressées Domno Pappino regi excellentissimo filio nostro et compatri, sous les dates 754, 55, 56 et 57.

noit de présider le concile de Verberie, où la liberté du Divorce fut portée presque jusques à la licence.

Suite de la réponse à la 6 question.

Enfin, Charlemagne qui, comme ses prédécesseurs, autorisoit le Divorce, et le roi Gontran qui l'autorisoit et qui le pratiquoit, vivoient certainement en communion avec l'église catholique, qui les a canonisés l'un et l'autre.

Il n'y avoit donc pas de schisme; mais une simple différence de sentimens sur un objet qui ne préjudicioit point à l'unité de la foi.

Cet état de choses ne dura pas encore longtemps. La modération évangélique que gardoient les évêques,

fit enfin naître sur ce point la concorde toujours desirable entre le sacerdoce et l'empire.

le

Une législation uniforme sur l'indissolubilité absolue du mariage, fut établie dans le royaume par célèbre concile d'Aix-la-Chapelle, en l'année 789, c'est dans le canon 43,

Canon 43. « Sur la question de sa» voir : Si une femme renvoyée par » son mari, peut en épouser un autre » pendant la vie de son mari; et si » ce mari peut prendre une autre » femme pendant la vie de la sienne, » nous avons arrêté que, suivant les » règles de la discipline de l'évangile » ( secundùm evangelicam discipli» nam), ni le mari abandonné par sa » femme, ni la femme abandonnée

» par son mari, ne pourront contrac» ter un nouveau Mariage, mais res>>> teront dans cet état, jusqu'à ce

qu'ils se soient réconciliés; et s'ils » se refusoient à la réconciliation, » ils seront condamnés à la péni» tence publique.

» Le roi sera supplié de sanction>>ner cette délibération, et d'en faire » une loi qui sera promulguée (1). »

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(1) Can. 43. Item in eodem ut ne viva uxor à viro dimissa alium accipiat virum vivente viro; nec vir aliam accipiat vivente uxore: placuit ut (secundùm evangilicam disciplinam ) neque dimissus ab uxore, neque dimissa à marito alteri conjungatur, sed ità maneant ut sibimet reconcilientur, quod si contempserint, ad pœnitentiam redigantur; et quâ causâ legem imperialem petendam promulgari.

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