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formé le dessein de retourner dans la Grèce, il chargea Timothée et Eraste de le devancer en Macédoine, afin qu'ils fissent préparer les aumônes destinées au soulagement des chrétiens de Jérusalem.

Il donna ordre à Timothée en particulier d'aller ensuite à Corinthe, pour y corriger quelques abus, et pour rappeler aux fidèles la doctrine qu'il leur avait prêchée. Dans la lettre qu'il écrivit aux Corinthiens peu de temps après il leur recommandait fortement son cher disciple (9). Il attendit son retour en Asie, et le mena avec lui en Macédoine et en Achaïe. Timothée laissa l'Apôtre à Philippes, et le rejoignit à Troade. S. Paul, de retour en Palestine, fut mis en prison à Césarée; il y resta deux ans, après quoi il fut envoyé à Rome. Il paraît que Timothée était avec lui dans ce temps-là, puisqu'il est nommé conjointement avec lui à la tête des épîtres à Philémon, aux Philippiens et aux Colossiens, qui furent écrites dans les années 61 et 62. Timothée eut aussi le bonheur d'être emprisonné pour Jésus-Christ, et la gloire de confesser sa foi en présence d'un grand nombre de témoins; mais on le mit en liberté (10). Il fut ordonné évêque en conséquence d'une prophétie, et d'un ordre particulier du Saint-Esprit (11). Il reçut par l'imposition des mains la grâce du sacrement, et le pouvoir non-seulement de gouverner l'Église, mais encore de faire des miracles, avec d'autres dons extérieurs du SaintEsprit. S. Paul étant retourné de Rome en Orient dans l'année 64 de Jésus-Christ, laissa son disciple à Ephèse pour gouverner l'Église de cette ville, pour s'opposer à ceux qui semaient une fausse doctrine, pour ordonner des prêtres, des diacres, et même des évêques (12); car il lui confia aussi le soin de toutes les églises d'Asie (13).

(9) 1. Cor. XVI, 1o.

(11) 1. Tim. IV, 14.

(10) Heb. XIII, 23.
(12) 1. Tim. I.

(13) S. Chrys. hom. 15. in 1. ad Tim.

Saint Paul était encore en Macédoine, quand il écrivit sa première épître à Timothée. La seconde fut écrite de Rome un an après, c'est-à-dire, en 65. On y voit l'effusion d'un cœur plein de tendresse pour un fils bien-aimé. L'Apôtre, qui était alors dans les fers, conjure son cher disciple de venir le trouver à Rome, afin qu'il ait la consolation de le voir encore une fois avant de mourir. Il l'exhorte à ranimer cet esprit de courage, ce feu du Saint-Esprit dont il fut rempli le jour de son ordination; il lui donne des avis sur la conduite qu'il devait tenir à l'égard des hérétiques de ce temps-là, et lui trace le caractère de ceux qui devaient s'élever dans la suite (14).

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Nous apprenons de la première épître à Timothée, qu'il ne buvait que de l'eau mais comme ses grandes austérités avaient altéré sa santé, et qu'il avait l'estomac très-faible, saint Paul lui ordonna de boire un peu de vin. Il dit un peu, remarquent les Pères, parce qu'il nous est utile que la chair soit faible, afin que l'esprit soit plus fort et plus vigoureux. Timothée avait peut-être alors 40 ans. Il est probable qu'il alla à Rome pour conférer avec son maître. Il était évêque d'Ephèse, avant l'arrivée de saint Jean dans cette ville. Ce dernier y résidait comme un apôtre qui avait une inspection générale sur toutes les églises d'Asie (b). Saint

(14) 2. Tim. III, 1. et 2.

(b) Dans l'Apocalypse, qui fut écrite en 95, Jésus-Christ reproche à l'évêque d'Ephèse d'être déchu de sa première charité : il l'exhorte à faire pénitence, et à rentrer dans la pratique de ses premières œuvres. (Apoc. II, 4. ) Cet évêque ne pouvait être que saint Timothée, selon le P. Calmet. Pereira, Corneille de la Pierre, Grotius, Alcasar, Bossuet, etc., sont du même sentiment. Tillemont, t. II, p. 147; Bollandus, au 24 Janv. p. 563 et 564; Nicolas de Lyra et Ribera pensent que le reproche de Jésus-Christ tombait non sur S. Timothée, mais sur son troupeau d'autres disent que saint Timothée ne montra peutêtre point assez de vigueur en reprenant les vices: mais que le reproche de Jésus-Christ, lui fit réparer cette faute, et que son zèle lui

Timothée a toujours été regardé comme le premier évêque d'Ephèse (15). Les anciens martyrologes lui donnent le titre de martyr.

Voici ce que nous lisons dans les actes (c) de saint Timothée. Sous l'empire de Nerva, le 22 Janvier, 97 de Jésus-Christ, les païens célébrant une de leurs fêtes appelée Catagogie, dans laquelle ils portaient leurs idoles, assommèrent à coups de pierres et de massues Timothée, qui voulait s'opposer à leurs abominables superstitions.

Nous apprenons de saint Paulin (16), de Théodore lecteur, et de Philostorse (17), que les reliques de saint Timothée furent transférées solennellement à Constantinople en 356, sous le règne de Constance. Saint Paulin assure qu'il s'opérait un grand nombre de miracles dans tous les lieux où était la plus petite portion de ces reliques. Les corps de saint Timothée, de saint André et de saint Luc furent mis sous l'autel de l'église des apôtres à Constantinople. Les démons, dit saint Jérôme (18), témoignaient par leurs rugissemens combien ils ressentaient leur présence. La même chose est confirmée par saint Chrysostôme (19).

Saint Timothée dut sans doute beaucoup aux exemples domestiques qu'il avait sans cesse sous les yeux; mais ce

valut la couronne du martyre en 97. S. Jean l'évangéliste sacra évêque Jean I, pour succéder à S. Timothée. (V. Constitut. Apostolic. 1. 8, c. 46.) Onésime fut le troisième évêque d'Ephèse. Voyez Le Quien, Or. Christ. t. I, p. 672.

(15) Eus. l. 3. c. 4. Conc. t. IV, p. 699.

(c) Ils paraissent avoir été écrits à Ephèse dans le cinquième ou sixième siècle. Photius nous en a laissé l'extrait. Ils sont attribuées, dans quelques manuscrits, au célèbre Polycrate, évêque d'Ephèse. (16) Carm. 26. édit. Murator. 29, p. 659.

(17) L. 3, c. 2. (18) In Vigilant. c. 2. (19) Hom. ad Pop. Antioch.

fut principalement la lecture des livres saints qui lui inspira dès son enfance, et qui nourrit durant le cours de sa vie, cet esprit de religion et cet assemblage parfait de toutes les vertus qui le rendirent si cher au grand Apôtre. Saint Paul, en louant l'amour de son disciple pour la lecture et la méditation, le donna comme une preuve de sa piété, et de l'ardent désir qu'il avait de faire des progrès dans la divine charité. Lorsqu'il l'eut élevé au saint ministère, il lui recommanda toujours d'allier une lecture assidue aux autres exercices de la religion (20). En effet, un ministre de l'évangile, qui n'a pas de momens réglés pour s'examiner lui-même dans la retraite, pour vaquer à la lecture, à la méditation et à la pratique des autres exercices de piété, oublie le premier et le plus essentiel de ses devoirs, le soin de son ame. S'il laisse éteindre dans son cœur le feu sacré de la charité, comment pourra-t-il l'allumer dans le cœur des autres? Les mêmes exercices sont, jusqu'à un certain point, nécessaires dans tous les états. Comment, sans cela, conserver cet esprit de piété qui doit être l'ame de toutes nos actions, et sans lequel les fonctions même spirituelles manquent du principe qui les vivifie?

(20) 1. Tim. IV, 7 et 13.

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S. BABYLAS, ÉVÊQUE D'ANTIOCHE ET MARTYR.

Tiré de saint Chrysostôme, l. contra Gentiles, de sancto Babyla, et Hom. de sancto Babyla, t. II, edit. Bened. p. 531. Le but du premier discours était de confondre les païens par les miracles de saint Babylas. Le second, composé cinq ans après, fut prononcé en 387, le jour de la fête du Saint, devant un nombreux auditoire. Les miracles de saint Babylas étaient récens, et avaient été opérés sous les yeux de plusieurs de ceux qui se trouvaient alors dans l'église. Les différens actes de ce Saint donnés par Bollandus, ne sont point authentiques. Voyez Tillemont, Mém. t. III, p. 400, et Histoire des Empereurs, t. III, et la dissertation du P. Merlin, Jésuite, contre Bayle, au sujet de ce que rapporte saint Chrysostôme du martyre de saint Babylas, Mém. de Trév. Juin 1737, p. 1051. Voyez encore le P. Stilting, un des continuateurs de Bollandus, in Vit. sancti Chrysost. 15, p. 439, ad 14 sept. t. IV.

Vers l'an 250.

SAINT BABYLAS, qui succéda à Zébin en 237, a été, après saint Ignace, le plus célèbre des anciens évêques d'Antioche. Il gouverna l'église de cette ville avec autant de zèle que de vertu, environ l'espace de treize ans, sous les Empereurs Gordien, Philippe et Dèce. Philippe (a), selon la

(a) Philippe naquit en Arabie d'une famille obscure, et fut élevé par l'Empereur Gordien le jeune, à la dignité de préfet des gardes prétoriennes; mais se voyant en Perse à la tête d'une armée victorieuse, il assassina son bienfaiteur, et se fit reconnaître Empereur par le sénat et le peuple de Rome en 244. L'histoire de son règne est fort embrouillée. Nous apprenons d'Eusèbe, que ce prince abolit à Rome les lieux de débauche, ce que n'avait pu faire Alexandre Sévère, le plus vertueux des Empereurs païens. Le même auteur ajoute, 1. 6, c. 3, qu'on disait qu'il était chrétien, et qu'il se soumit à la pénitence canonique à Antioche. S. Jérôme, Vincent de Lérins, Orose, etc. affirment positivement que Philippe était chrétien; les mêmes auteurs, auxquels on peut joindre Eusèbe, Rufin et le Syncelle, disent qu'Origène écrivit deux lettres, l'une à ce prince, et l'autre à

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