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du sectaire à payer une capitation décuple. Cependant quelques années après, l'empereur, cédant aux sollicitations de sa sœur, rappela Arius de l'exil et le soutint contre les éloquentes accusations de l'archevêque d'Alexandrie, saint Athanase. L'hérésiarque mourut en 336, mais sa doctrine lui survécut et troubla longtemps l'empire sous les fils de Constantin.

Fondation de Constantinople et réorganisation de l'empire; préfectures, diocèses, provinces.

La révolution était achevée dans l'ordre religieux; le christianisme devenait le culte dominant de l'empire, fait immense et dont les conséquences durent toujours. Un de ses résultats les plus immédiats devait être un changement complet dans le gouvernement: Constantin ne recula pas devant ce grand labeur. Sa politique se trouvait là aussi d'accord avec ses croyances. Dioclétien, en effet, n'avait qu'ébauché l'organisation nouvelle qui, pour mettre un terme aux révolutions causées par le despotisme des soldats, devait faire enfin prévaloir l'ordre civil sur l'ordre militaire. Pour commencer, Constantin renia Rome, pleine encore de ses souvenirs républicains et de ses dieux dont il ne voulait plus; et il alla fonder une autre capitale sur les bords du Bosphore, entre l'Europe et l'Asie, dans la plus admirable position qu'une grande ville puisse occuper. Constantinople s'éleva sur l'emplacement de Byzance, assez loin des frontières orientales pour n'avoir pas trop à craindre les attaques de l'ennemi, assez près d'elles pour les surveiller mieux et les défendre. Le site était si bien choisi que l'invasion passa, durant dix siècles, au pied de ses murs avant de l'emporter. Les constructions commencèrent en 326; dès l'année 330, Constantin consacra la nouvelle Rome, ainsi qu'il l'appela, comme capitale de l'empire. Il y établit un sénat, des tribus, des curies; il y éleva un Capitole, consacré non aux dieux de l'Olympe, maintenant détrônés et morts, mais à la science; il y bâtit des palais, des aqueducs, des thermes, des portiques, un miliaire d'or et onze églises. L'emplacement offrait sept collines, il le divisa en quatorze régions. Le peuple

aussi y eut des distributions gratuites; funeste importation d'une coutume dont les résultats avaient été jugés à Rome. L'Égypte envoya à Constantinople ses blés, les provinces leurs statues et leurs plus beaux monuments1. Rome, délaissée de son empereur, de ses plus riches familles qui allèrent s'établir là où vivait la cour, « s'isola peu à peu au milieu de l'empire; et tandis qu'on se battait autour d'elle, elle s'assit à l'ombre de son nom en attendant sa ruine. »

L'empire fut ensuite divisé, comme il l'avait été sous Dioclétien, en quatre préfectures; et celles-ci en 14 diocèses renfermant 119 provinces.

La préfecture d'Orient eut 6 diocèses: Orient, Égypte, Asie, Vicariat, Pont et Thrace, renfermant 49 provinces.

La préfecture d'Illyrie eut 2 diocèses: Macédoine et Dacie, renfermant 11 provinces. La préfecture d'Italie, 3: Italie, Illyrie et Afrique, 30 provinces. La préfecture des Gaules, 3 aussi Espagne, Gaule, Bretagne, 29 provinces. En voici le tableau :

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1. Constantinople, encore augmentée sous les successeurs de Constantin avait, après le règne de Théodose, un diamètre de 14 075 pieds.

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1. Le tableau, emprunté à la Notitia imperii, donne l'état de l'empire à une époque bien postérieure à Constantin; plusieurs des provinces qui y sout

Séparation des fonctions civiles et militaires; dégradation de l'armée ; noblesse administrative.

Les préfectures étaient administrées par les préfets du prétoire, correspondant avec les ministres de l'empereur et investis de tous les pouvoirs civils; les diocèses par des vicepréfets ou vicaires, subordonnés aux préfets; les provinces par des proconsuls, des consulaires, des correcteurs et des présidents chargés, sous la surveillance des vicaires, de tous les rapports du pouvoir avec les habitants de l'empire. Aucun de ces magistrats, même les préfets du prétoire, n'avait l'autorité militaire 1. Celle-ci appartenait au magister utriusque militiæ ou généralissime qui avait sous ses ordres les magistri peditum et equitum, lesquels à leur tour commandaient aux comtes et aux ducs. Le principe de la nouvelle organisation était donc le démembrement des provinces, comme celui des commandements, et la séparation des fonctions civiles et des fonctions militaires, afin que les deux ordres de fonctionnaires se fissent l'un à l'autre équilibre et que chacun des agents de l'autorité publique, réduit à un pouvoir restreint et enveloppé dans une hiérarchie nombreuse, ne trouvât plus les facilités qu'avaient les puissants gouverneurs d'autrefois pour se révolter. Mais cette administration compliquée allait devenir bientôt tracassière, en voulant incessamment se montrer et agir là où les rares agents de la république et des premiers empereurs ne se montraient et n'agissaient jamais. Cette intervention continuelle eût seule suffi à la rendre oppressive et odieuse.

L'armée active n'était plus guère composée que de barbares, surtout de Germains. Ces troupes mercenaires, conduites par leurs chefs nationaux et gardant leurs enseignes, furent placées le long des frontières; mesure dangereuse, car elles pouvaient se retourner un jour contre l'empire qu'elles étaient chargées de défendre et devenir elles-mêmes l'avantgarde de l'invasion. Les légions, réduites à 1500 hommes,

nommées ont été formées après ce prince. comme l'Augustamnique, la Galatie salutaire, l'Honoriade; la Rhétie n, la Valerio, .a Üllicit ra

1. Gallien avait déjà interdit le service militaire aux sénateurs

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