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barbares, malgré les lettrés, n'avaient pas encore la compréhension d'aujourd'hui, et où les premiers apôtres employant une science réelle n'avaient pas été compris; qu'elle mette donc la période d'à présent à la hauteur de la science. Que les prêtres se souviennent que par suite de la civilisation dont l'Église chrétienne est en partie la créatrice, cette civilisation a fait de tels progrès qu'il faut que l'Église, restant au niveau, conserve son pouvoir sur l'éducation; qu'il importe qu'elle n'oublie pas que jadis deux de ses plus grands hommes, saint Jérôme et saint Augustin, luttaient momentanément l'un contre l'autre, quoique l'un et l'autre fussent parfaits. Leur lutte serait aujourd'hui mal reçue. Si la science devient grande, saints prêtres, ne la méprisez pas! Vos travaux l'ont amenée; développez-en les conséquences, adoptez-la; et depuis la parole du Christ vous n'aurez jamais eu de prophètes semblables à vous. Par elle vous ouvrirez un suprême séjour aux âmes qui étaient dans le ciel avant de venir sur la terre; dans le ciel elles retourneront après s'être créé cette qualité ineffable de multiplicateurs d'amour, et donneront à l'infini, ce qu'avant leur mission elles n'émettaient pas, l'Esprit-Saint!

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Je pensais, en commençant ce travail, que notre existence était destinée à remplir la volonté divine, et que la récompense de nos efforts serait le retour à Dieu. En le finissant, je le dis à mes frères, je crois encore ne m'être pas trompé. Je suis de plus en plus persuadé que mon âme indéfiniment petite, jointe à tant d'âmes à elle, constitue l'indéfiniment grand. Ce sera notre lot d'en refaire partie un jour, et ce lot est par excellence l'infiniment enviable. Qu'il me soit donc permis d'en terminer le tableau et de

rappeler, en quelques mots, le résumé de ces longues pages.

L'âme, c'est la portion infinitésimale de la spiritualité qui, pendant la vie, réside dans notre corps. Quand et comment y est-elle entrée? Quand et comment s'en ira-t-elle C'est là ce que personne ne sait!

Tout ce que nous pouvons affirmer, c'est que cette âme est bien dans notre corps, et qu'elle ne peut rayonner que si, au point de vue de notre organisation, la matérialité est en parfait état. Alors tout est combiné pour que l'âme, sentant ce que le corps lui transmet, commande à sa matérialité. La partie intéressante, le fond de notre mission, est que la raison ne se laisse pas entraîner, pour jouir, par ce que le matérialisme apporte. Le devoir est de lutter, de maintenir la bonne organisation de ce matérialisme lorsque les instincts cherchent à l'écarter de la voie légale. La question n'est pas de savoir si le matérialisme étant obstrué, le spiritualisme a fait ce qu'il devait faire; mais d'affirmer que sa mission est, lorsque le matérialisme le laisse agir, de le maintenir dans la juste ligne.

L'âme est une essence spirituelle qui est, et qui réside dans notre corps; mais où se tient-elle ? Je ne sais! Essence, elle est forcée d'avoir une résidence. Mais où est cette résidence? Rien ne l'enseigne. Estelle une buée incomparablement légère qui se joue dans nos muscles, dans nos nerfs, dans nos carlilages ou nos ossatures, dans nos moelles, et qui avoisine ou s'applique à telle ou telle fibre, à telle

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ou telle partie graisseuse qu'agitent les mouvements intérieurs de façon à ce qu'elle en ressente immédiatement l'effet dans tout son ensemble? Ce sont de graves questions dont il serait bien attrayant d'avoir la réponse. D'autres diront que l'âme est une petite essence cachée au cerveau qui, dans le centre qu'elle occupe, reçoit toutes les impressions et transmet ses ordres à tout ce qui l'environne. Je le crois, mais où en est la preuve? que conclure de là? Rien! si ce n'est que l'âme existe, qu'elle commande et que la matérialité doit lui obéir.

La spiritualité est une quantité à laquelle l'atome primitif d'éther ne peut être comparé que comme la chaîne de montagnes de l'Himalaya à un millimètre de paille, c'est-à-dire l'immensité du volume à un infiniment petit. L'essence d'une spiritualité est une combinaison dont nous ne pouvons pas ici-bas avoir l'idée et que, par erreur, nous appelons quelque chose; mais quelque chose veut dire ce que nous pouvons saisir, évaluer. Or la spiritualité, nous ne pouvons ni la voir, ni la saisir ou l'évaluer. Donc l'essence n'est pas désignée. Cependant, la partie où il est le plus possible de la concevoir, c'est l'essence du Juste avec laquelle elle paraît le plus en rapport avec la matérialité. En science on a appelé les solides, les liquides ou les gaz, l'éther même qui les compose; mais on n'a jamais pu trouver un nom pour une chose aux atomes infiniment plus petits que l'éther, qui n'est plus de la matérialité à un titre quelconque. Elle est la pensée divine qui base

ses évolutions sur l'amour infini du Vrai, du Bien, du Beau, qui est en même temps le Juste, c'est-à-dire l'ordre de Dieu qui fait, qui envoie ses lois, ses qualités, ses facultés partout où elles sont utiles; et qui, par son indéfinie quantité et ses infinies facultés, représente sa propre essence.

Qui donc l'empêcherait de passer, cette spiritualité, dans les pores de votre chair, lorsqu'on pense que la vue d'une goutte d'eau agrandie aujourd'hui par de nouveaux moyens renferme des microbes admirablement organisés, qu'on peut vous montrer gros comme des éléphants; lorsque les fibres d'une branche de chêne paraissent plus larges que la colonne Vendôme? Pour arriver dans la matérialité, la spiritualité rappelle l'effet de ces trains parcourant une ligne ferrée en grande vitesse, portant, l'un Pasteur, l'autre Chevreul. Pour celui qui fixe le point de croisement, ces trains ne font pas à ses yeux quelque chose de visible. Cependant, ce sont les grandes sciences qui se croisent! Leurs spiritualités sont pleines, entières; et voilà ce que l'homme ne peut saisir! A quoi n'est donc pas appelée la spiritualité venant de Dieu! De là, peut-on comprendre comment l'âme arrive dans ce corps qui vit? Nous ne pouvons rien dire à cela, si ce n'est qu'aussitôt et même avant que le corps puisse s'exprimer, l'âme y est bien, puisque c'est la pensée qui sort, et que dans la nature l'homme seul pense.

Dans mon idée actuelle, c'est-à-dire ma pensée d'homme, je me fais de Dieu un tableau agréable à

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