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eunt Scribæ Christum filium esse David?

Ipse enim David, • in libro Psalmorum, b dicit eum Dominum :

Dixit Dominus Domino meo: Sede à dex

tris meis, donec ponam

faut-il entendre ce que disent les Scribes, que le Christ est fils de David?

14. Car David lui-même, inspiré par l'Esprit-Saint, l'appelle son Seigneur, quand il dit dans le livre des Psaumes:

15. Le Seigneur a dit à mon Seigneur : inimicos tuos scabellum Asseyez-vous à ma droite, jusqu'à ce que je fasse de vos ennemis l'escabeau de vos pieds 1.

pedum tuorum.

Si ergò David vocat

eum Dominum, quo

b ⚫

16. Puis il dit aux Pharisiens: Si donc

modò (et) unde filius David appelle le Christ son Seigneur, pour

ejus est ?

Et nemo poterat ei res. pondere verbum : neque ausus fuit quisquam ex illà die eum ampliùs interrogare,

b Et multa turba eum

libenter audivit.

Tanc Jesus locutus est ad turbas, et ad discipules suos,

Dicens: Super cathe dram Moysi sederunt Scribæ et Pharisæi.

Omnia ergò quæcumque dixerint vobis, servate et facite : secundùm opera verò eorum nolite facere dicunt enim, et non faciunt.

quelle raison et de quelle manière est-il son fils 2?

17. Et personne ne pouvait lui rien répondre; et de ce jour-là nul n'osa plus l'interroger.

18. Et une foule nombreuse prenait plaisir à l'entendre.

19. Alors Jésus, s'adressant à la foule du peuple et à ses disciples,

20. Leur dit en les instruisant: Les Scribes et les Pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse.

21. Observez donc et faites tout ce qu'ils vous disent; mais gardez-vous d'eux avec soin, et ne les imitez pas dans leurs œuvres :

car, ce qu'ils disent, ils ne le font pas.

15. Le Christ même, dans sa nature humaine unie à la divinité, est le Seigneur non-seulement de David, mais des hommes et des anges. Le Christ, Dieu et homme, disent les saints Pères, est le roi, le juge et le pontife suprême de tout le genre humain.

216. Le Christ était fils de David à cause de la nature humaine qu'il avait prise de lui; mais, avant tout, il était Fils de Dieu, et c'est ce que Jésus-Christ ne veu os que l'on oublie.

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22. Ils forment et chargent sur les épaules des hommes des fardeaux pesants et insupportables, qu'ils ne veulent pas même remuer du doigt.

23. Ils font toutes leurs œuvres pour être vus des hommes, portent de plus larges phylactères et des franges plus apparentes 2, comme ils affectent de marcher avec de longues tuniques.

24. Ils aiment les premières places dans les festins et les premiers siéges dans les synagogues;

25. Et qu'on les salue dans les lieux publics, et que les hommes leur donnent le nom de maîtres.

26. Pour vous, ne désirez point d'être appelés maîtres: car vous n'avez qu'un Maitre, et vous êtes tous frères.

27. Et n'appelez votre père personne sur la terre car vous n'avez qu'un Père qui est dans les cieux 3.

28. Qu'on ne vous appelle point non plus maîtres : car vous n'avez qu'un Maître, qui est le Christ.

29. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

23. On appelait de ce nom des bandes de parchemin sur lesquelles étaient écrites quelques sentences des livres saints, et que les Israélites portaient sur leur front et sur leurs bras. Les Pharisiens, pour se distinguer du commun des hommes, affectaient de les porter fort larges.

2 y 23. La Loi ordonnait aux enfants d'Israël de porter des franges aux quatre pans de leur vêtement de dessus.

27. Jésus-Christ ne condainne pas les noms de maître et de père; mais il défend de déférer ces titres, dans toute leur acception, à d'autres qu'à Dieu.

Qui autem se exaltaverit, humiliabitor; et qui se humiliaverit, exa!tabitur.

30. Carquiconque s'élèvera sera abaissé; et quiconque s'abaissera sera élevé.

4-5. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout lon cœur, de toute lon âme, de lout ton esprit et de toutes les forces; c'est là le premier et le plus grand commandement. Quand les docteurs de la loi mosaïque demandèrent à Jésus quel était le plus grand et le premier commandement, il leur répondit: « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, et de tout votre esprit; tel est le plus grand et le premier commandement. » Et en effet, il est le plus important et le plus sublime de tous; il contient à lui seul tous les autres. Quatre conditions sont nécessaires à l'accomplissement parfait de ce précepte. La première, c'est une reconnaissance profonde pour les bienfaits de Dieu. Tout ce que nous possédons, soit en nous, soit hors de nous, vient de lui; il faut donc que nous lui rendions hommage de tout et que nous l'aimions d'un amour sans bornes. Ne serait-ce point une coupable ingratitude que de ne pas aimer son bienfaiteur? Le souvenir des bienfaits du Seigneur n'abandonnait jamais David: «Mon Dieu, s'écrie-t-il, tout vous appartient, nous ne faisons que vous rendre ce que nous avons reçu de votre main. » Aussi l'ecclésiastique fait-il l'éloge du roi-prophète en ces termes : « Il a glorifié de toute son âme le nom du Seigneur; il a aimé d'un amour sans bornes ce qui l'a créé. » La seconde condition, c'est un profond respect pour la majesté divine. « Dieu est plus grand que notre cœur; » ainsi, quand même nous le servirions de tout notre cœur, notre soumission ne serait pas encore assez humble. « Glorifiez le Seigneur de toutes vos forces, dit l'ecclésiastique, vous n'atteindrez jamais jusqu'à lui. Bénissez le Seigneur, exaltez-le de toute la puissance de votre âme, car il est au-dessus de toute louange. » La troisième condition, c'est le renoncement aux vanités du monde et aux affections terrestres. C'est faire injure à Dieu que de lui égaler quelque chose. « A quel rang me faites-vous descendre?» dit le Seigneur à ceux qui le rabaissaient au niveau des créatures. Nous faisons injure à Dieu, nous dégradons sa majesté quand nous mêlons les affections terrestres à l'amour divin; ou plutôt, il est impossible d'aimer à la fois le monde et Dieu. «Une couche trop étroite ne peut recevoir deux personnes, dit Isaïe, et un manteau trop court ne peut les couvrir en même temps. » Ce manteau trop court, celte

couche trop étroite, c'est le cœur de l'homme, qui peut à peine contenir Dieu lui seul, et que Dieu abandonne quand il lui faut le partager avec le monde. Il ne souffre point de rival dans notre cœur, non plus qu'un époux dans le cœur de son épouse. N'a-t-il pas dit lui-même: « Je suis votre Dieu jaloux? » Il ne veut point que nous aimions quoi que ce soit autant que lui; il ne veut point que nous aimions autre chose que lui. La quatrième condition, c'est l'horreur du péché. Nul ne saurait aimer Dieu en vivant dans le mal. « Vous ne pouvez, est-il dit, servir en même temps Dieu et Mammon. » Ainsi, quiconque vit dans le péché n'aime point Dieu. Il l'aimait ce pieux monarque qui l'invoquait en ces termes : « Seigneur, souvenez-vous que j'ai marché sous vos yeux dans la voie de la vérité et dans la pureté de mon cœur. >> « Jusques à quand, s'écrie le prophète Élie, balancerez-vous incertains entre le bien et le mal? » Telle est en effet l'incertitude du pécheur: tantôt il se laisse entraîner sur les pas du démon, tantôt il s'efforce de chercher Dieu; mais cette incertitude déplaît au Seigneur: «Venez à moi, nous dit-il, de tout votre cœur. » Deux espèces d'hommes pèchent contre ce précepte : les uns, en évitant un vice, par exemple, la luxure, tombent dans un autre, par exemple, l'avarice. Ils ne sont pas moins coupables que ceux qui tombent dans ces deux vices à la fois; a car, dit l'apôtre saint Jacques, celui qui viole un seul précepte de la loi divine, viole toute la loi. » Il en est d'autres qui confessent une partie de leurs péchés et laissent le reste, ou bien qui partagent l'aveu de leurs fautes entre deux confesseurs. Ceux-là ne méritent point l'absolution; ils commettent, au contraire, une nouvelle faute en cherchant à tromper Dieu et en profanant un sacrement. «C'est une impiété, dit un sage, d'attendre de Dieu un pardon incomplet. » « Répandez vos cœurs en présence de l'Éternel, » dit aussi le psalmiste. Et en cffet, on doit révéler tout son cœur dans la confession.

(SAINT THOMAS D'AQUIN.)

4. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toutes tes forces. Nous avons montré que l'homme est tenu de se donner à Dieu; mais comment peut-il se donner à lui? qu'y a-t-il en nous que nous puissions et que nous devions lui consacrer? Il y a dans l'homme quatre choses qu'il peut et qu'il doit consacrer à Dieu savoir: le cœur, l'âme, l'esprit et la force. « Vous aimerez le Seigneur votre Dieu, dit l'Évangile, de tout votre cœur, de toute votre âme, de tout votre esprit et de toute votre puissance,» c'està-dire de toute votre force. Remarquons que le mot cœur signifie ici

l'intention. L'intention est d'une telle importance dans nos actes qu'elle leur imprime à tous son propre caractère, en sorte que le bienfait dans une intention mauvaise devient un mal. « Si votre œil est mauvais, est-il-dit, tout votre corps restera dans les ténèbres; » c'està-dire, si votre intention est mauvaise, toute la masse de vos bonnes œuvres restera sans mérite. Ainsi, dans toutes nos œuvres, notre intention doit avoir Dieu pour but : « Soit que vous mangiez, dit l'apôtre, soit que vous buviez, quelque chose enfin que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu.» Mais il ne suffit pas que l'intention soit bonne pour que l'action le soit aussi. Il faut que cette bonne intention soit accompagnée d'une volonté droite, et c'est ce que veut nous faire entendre l'Évangile quand il nous commande d'aimer Dieu de toute notre âme; car l'âme, c'est la volonté. Souvent on agit avec une bonne intention, mais sans mérite, parce que, outre cette bonne intention, on n'a pas une volonté droite. Par exemple, dérober pour nourrir un pauvre qui meurt de faim, c'est agir avec une bonne intention, mais la bonne intention n'excuse pas le mal que l'on connaît par défaut de rectitude dans la volonté: «Ceux-là sont coupables, dit saint Paul, qui veulent faire le mal pour qu'il en arrive un bien. » La rectitude de la volonté est unie à la bonté de l'intention quand la volonté humaine est aussi d'accord avec la volonté divine; et c'est ce que nous demandons chaque jour en disant à notre Père céleste: «Que votre volonté soit faite sur la terre comme dans le ciel. » C'est ce même accord qu'exprime le roi-prophète quand il dit : «Seigneur, je veux faire votre sainte volonté. » Voilà donc pourquoi l'Évangile nous ordonne d'aimer aussi Dieu de toute notre âme; car l'âme, je le répète, est souvent prise pour la volonté dans l'Écriture sainte: « La désobéissance, dit le Seigneur, déplaît à mon âme, c'est-à-dire, est en désaccord avec ma volonté. Quelquefois enfin l'intention est bonne, la volonté est droite, mais la pensée est coupable; et voilà pourquoi l'Évangile nous recommande d'aimer Dieu de tout notre esprit. Nous devons donner à Dieu toutes nos pensées, afin qu'elles soient saintes: « Notre mission, dit l'apôtre, est de soumettre toute intelligence à la loi du Christ. » Bien des hommes, sans accomplir l'acte même du péché, en gardent complaisamment la pensée dans leur esprit. C'est à eux qu'il faut appliquer ces paroles du Seigneur : « Otez de devant mes yeux vos pensées criminelles. » Il en est d'autres qui, pleins de confiance dans leur sagesse orgneilleuse, ne veulent point soumettre leur raison à la foi; ceux-là ne donnent pas à Dieu leur esprit. C'est à eux que Salomon

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