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CHAPITRE VIII.

GUERRE DE L'INDÉPENDANCE ITALIENNE

(343-265).

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PREMIÈRE

RÉVOLTE DES GARNISONS

GÉOGRAPHIE DE L'ITALIE AVANT LA GUERRE DU SAMNIUM.
GUERRE ACQUISITION DE CAPOUE (343-343).
ROMAINES DE LA CAMPANIE (341). — DÉFECTION DES LATINS, BATAILLE
DE VÉSÉRIS; LOIS de publilius PHILO; TRAITEMENT FAIT AUX INSURGÉS
(340-338). SECONDE Guerre samnite (326-305): LE PROCONSULAT
(326); FOURCHES CAUDINES (321); L'APULIE ET LA CAMPANIE RECON-
QUISES. PREMIÈRE COALITION DES SAMNITES AVEC LES ÉTRUSQUES,
LES OMBRIENS Et les herniques (311-309). — DÉVASTATION DU SAM-
NIUM (307); SOUMISSION DES MARSES ET DES SAMNITES (305); CENSURE
DES FABIUS (306). seconde coALITION DES SAMNITES, DES ÉTRUSQUES
ET DES OMBRIENS (300-290); BATAILLE DE SENTINUM (295). - VICTOIRE
D'AQUILONIE (293); SOUMISSION DES SAMNITES ET DES SABINS (290);
DICTATURE POPULAIRE D'HORTENSIUS (285). TROISIÈME COALITION
DES ÉTRUSQUES, DES SÉNONS ET DES BOÏES (285-280); BATAILLE DU LAC
VADIMON (283). GUERRE DE PYRRHUS (280-272); LES TARENTINS.
APPELLENT PYRRHUS (280). BATAILLE D'HÉRACLÉE ET MARCHE DE
PYRRHUS SUR ROME.-BATAILLE D'ASCULUM (379); PYRRHUS EN SICILE;
BATAILLE DE BÉNÉVENT (275). SOUMISSION DE TARENTE (272).

Géographie de l'Italie avant la guerre de Samnium.

La péninsule italienne renfermait six peuples différents : 1° Au nord-ouest, entre la Macra et le Tibre, les ÉTRUSQUES. Trois de leurs villes étaient entrées dans l'alliance du sénat: Cære, Capene et Faleries. Deux, Sutrium et Nepe, avaient reçu des colonies romaines; Véies avait été détruite, Tarquinies et Volsinies vaincues. Huit de leurs grandes cités, Arretium, Cortona, Clusium, Perusium, Volaterræ, Vetulonium, Rusellæ et Cossa, conservaient leur liberté et en apparence leur ancienne force.

2o Au nord, les OMBRIENS, qui, après avoir été un des peuples les plus puissants de l'Italie, en étaient devenus un des plus obscurs; Spolète, Interramna et Nequinum étaient leurs principales villes.

3o Au nord-est, les SÉNONS, qui habitaient, partie dans la Gaule cisalpine, partie sur les côtes de l'Ombrie, où ils possédaient Ariminium, Pisaurum et Senagallia.

4o ROME et les LATINS. La domination romaine, qui s'é tendait de la forêt Ciminienne jusqu'au promontoire de Circeii, était maintenue par les colonies de Nepete et de Sutrium, au nord du Tibre; par celles de Circeii, de Signia, de Cora, de Norba, de Setia et de Sora, etc., dans le pays des Volsques. Mais entre ces places se trouvaient des peuples et des cités libres. Les ÉQUES, à l'est, et les VOLSQUES, au sud, avaient cessé leurs continuelles incursions. Les HERNIQUES venaient d'être rudement châtiés. Quant aux LATINS proprement dits, ils respectaient toujours l'ancien traité; mais leurs villes, Préneste, Tibur, Vélitres, Lavinium, Aricie, Pedum, etc., formaient des États distincts. Cependant Rome, qui pouvait armer dix légions, conservait sur ses alliés une prépondérance qui se changera bientôt en une domination définitive. Les AUSONES, entre le Liris et le Vulturne, avec les deux fortes villes de Teanum et de Cales, étaient indépendants.

5o Les SABELLIENS. Cette race avait à cette époque porté son nom depuis l'Ombrie, jusqu'au Bruttium, et l'on pouvait compter 13 peuples d'origine sabellienne: au nord les SABINS (Reate et Amiternum) et les PICENINS (Asculum et Ancône); au centre, la ligue des MARSES, des VESTINS, des MARRUCINS, des PÉLIGNINS (Corfinium), et celle des SAMNITES proprement dits, comprenant les PENTRI (Bovianum), les CARACENI, les CAUDINI (près du défilé appelé les Fourches Caudines), et les HIRPINS (Avellinum, Herdonia, Aquilonie, Romulea et Maleventum); à l'ouest, les SAMNITES CAMPANIENS, mélangés d'Osques et de Grecs, et depuis 80 ans maîtres de Capoue, d'où ils dominaient sur Acerræ, Casilinum, Nuceria et Nola, les PICENTINS (Salernum); à l'est, les FRENTANS; au sud, les LUCANIENS. Si ces treize peuples sabelliens avaient été unis, l'Italie leur appartenait. Mais les Lucaniens étaient ennemis des Samnites, ceux-ci de la confédération marse, les Marses des Sabins. Rome n'eut guère à les combattre que les uns après les autres.

¡ 6o Les GRECS. Cumes, en Campanie, était restée libre; mais, en 343, Sybaris n'existait déjà plus; Crotone, Thurium, Locres, Rhegium avaient soutenu des guerres dé

sastreuses contre Denys de Syracuse et les Lucaniens; Pœstum et Métaponte étaient ruinées. Tarente seule conservait, avec de grandes richesses, une grande confiance. Au fond de la presqu'île qui termine l'Italie au sud-ouest, un peuple nouveau venait depuis quelque temps de se former, les BRUTTIENS, reste des Pélasges asservis aux Grecs et qui s'étaient révoltés à la faveur de l'abaissement de leurs maîtres. Dans l'Apulie, la population était un mélange de presque toutes les races qui avaient peuplé l'Italie. Les grandes villes de cette petite région (Luceria, Arpi, Herdonia, Canusium, Venusia) redoutaient le voisinage des Samnites Brundusium et Hydruntum, sur les côtes de la Calabre, deviendront de grandes villes maritimes.

Dans la haute Italie, les LIGURES occupaient toute la région du sud-ouest, divisés en tribus nombreuses mais pauvres; les VÉNÈTES, la région du nord-est, où s'élevait leur riche capitale, Patavium. Les Gaulois se partageaient le reste de la Cisalpine. Au nord du Pô, les INSUBRES (Mediolanum ou Milan), et les CÉNOMANS (Brescia, Vérone et Mantoue). Au sud du fleuve, de l'ouest à l'est, les ANAMANS, les BOIES, les LINGONS et les SÉNONS (Plaisance, Parme, Modène, Bologne et Ravenne).

Première guerre : acquisition de Capoue (313-342).

Les Romains s'étaient établis à Sora, à deux pas du territoire samnite, et les Samnites menaçaient Téanum Sidicinum, près du pays des Aurunces, dont les Romains semblaient s'être réservé la conquête par une récente victoire. Du haut des murs de Téanum on aperçoit Capoue au delà du Vulturne, et Minturnes aux bouches du Liris. Ces deux places et la route entre le Latium et la Campanie auraient été à la discrétion des Samnites, s'ils avaient fait la conquête du pays des Sidicins. Aussi les Capouans promirent-ils des secours à Téanum; mais leurs troupes énervées furent deux fois battues et rejetées dans Capoue, que les Samnites tinrent comme assiégée. Dans cette extrémité, les Campaniens envoyèrent une ambassade à Rome (342). Onze ans auparavant, les Romains avaient conclu un traité avec les

Samnites. Ce fut le prétexte dont le sénat se servit pour repousser la demande des Campaniens. « Eh bien ! dirent les députés, refuserez-vous de défendre ce qui vous appartient? Capoue se donne à vous. » Le sénat accepta, et une guerre de 78 ans commença. On l'a appelée la guerre du Samnium; il faut lui donner son vrai nom, ce fut la guerre pour l'indépendance de l'Italie. Avant cette grande lutte, la péninsule était libre; le débat terminé, elle se trouva sujette. Tous ses peuples y prirent part successivement.

Les Latins, ennemis des montagnards de l'Apennin, se portèrent avec ardeur à cette guerre. Une armée, commandée par Valérius Corvus, alla délivrer Capoue; une autre, sous la conduite de Cornélius, pénétra dans le Samnium, tandis que les alliés latins traversaient l'Apennin pour attaquer les Samnites par derrière. Cornélius se laissa enfermer dans une gorge étroite, d'où le dévouement du tribun légionnaire Décius Mus le sauva, et une victoire le vengea de l'ennemi qui l'avait fait un moment trembler. Valérius battit deux fois les Samnites au milieu de la Campanie. Ces succès retentirent au loin les Carthaginois, amis de cette puissance qui s'élevait entre leurs rivaux, les Étrusques et les Grecs, envoyèrent une ambassade féliciter le sénat.

Révolte des garnisons romaines de la Campanie (341).

L'hiver venu, les Romains, à la demande des Campaniens, prirent garnison dans leurs villes. Séduits par la beauté des lieux, les soldats formèrent le dessein de s'emparer de Capoue et d'y rester. Pour déjouer ce complot, on les renvoya par cohortes; mais ils se réunirent aux gorges de Lautules, appelèrent à eux les esclaves pour dettes et marchèrent sur Rome au nombre de 20 000. Les plébéiens cou rurent les joindre, et, tous réunis, demandèrent et obtinrent Que le légionnaire sous les drapeaux ne pourrait, sans son consentement, être rayé des contrôles; que celui qui aurait servi comme tribun ne pourrait être enrôlé comme centurion; que la solde des chevaliers serait réduite, le prêt à intérêt et les dettes abolis; que les deux consuls pour

raient être plébéiens, et qu'on ne serait rééligible à la même charge qu'après un intervalle de dix ans. » C'était, comme on le voit, moins une révolte militaire que la continuation du grand mouvement de 367.

Quand le calme fut rétabli, le sénat, qui sentait l'État ébranlé et les Latins menaçants, renonça à la guerre, ne demandant aux Samnites qu'une année de solde et trois mois de vivres pour l'armée romaine; à ce prix, il leur abandonnait Téanum et Capoue. Les Latins continuèrent, pour leur compte, les hostilités, ligués avec les Volsques et les Campaniens (341).

Défection des Latins, bataille de Véséris; lois de Publilius Philo; traitement fait aux insurgés (340-338).

Cette alliance et les troubles qui agitaient Rome firent penser aux Latins que le temps était arrivé de secouer une suprématie importune. Leurs préteurs vinrent demander qu'un des deux consuls et la moitié des sénateurs fussent pris parmi les hommes du Latium. L'orgueil national se révolta. On repoussa tout d'une voix cette prétention insolente; Manlius Imperiosus jura de poignarder le premier Latin qui viendrait siéger au sénat.

La guerre éclata aussitôt (340). Le péril était immense, car Rome allait avoir à combattre des hommes habitués à sa discipline, à ses armes, à sa tactique. Les Romains opposèrent aux Latins l'alliance des Samnites, et allèrent chercher la principale armée latine jusque dans la Campanie, où elle se préparait à envahir le Samnium. Avant la bataille livrée au pied du mont Vésuve, près d'un ruisseau nommé Véséris, un Tusculan provoqua en combat singulier le fils du consul. Manlius accepta le défi et fut vainqueur. Mais il avait combattu sans ordre, son père le fit décapiter. Au milieu de la bataille, l'aile gauche, que commandait Décius, faiblit; il se dévoua aux dieux pour le salut des légions, et, par ce noble sacrifice, enflamma leur courage. Les trois quarts de l'armée latine restèrent sur le champ de bataille, et la Campanie fut d'un seul coup reconquise. Une seconde victoire ouvrit le Latium à Manlius, et rompit la ligue. Plu

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