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AVERTISSEMENT

DES ÉDITEURS.

MALGRÉ toute la curiosité et l'intérêt qui depuis pla sieurs années se rattachent à l'étude des langues, la Linguistique, immobile au point où l'avoient portée les savans du dernier siècle, ne paroît pas avoir fait le moindre progrès parmi nous. Parcourez les publications les plus récentes : les auteurs en sont encore à rêver sur ces deux vérités déjà vieilles et devenues banales, que toutes les langues se ramènent à une seule, et que leurs racines, ou vocables primitifs, ont été dans l'origine des onomatopées, des peintures par analogie et par métaphore.

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Il y a tantôt un siècle que la démonstration en est faite. Mais, si toutes les langues ont au fond les mêmes racisi toutes sont construites sur un fonds commun de monosyllabes dont le sens et la forme ont peu varié (principe dont les philologues conviennent généralement aujourd'hui, et qui peut acquérir toute l'évidence d'un fait matériel ); si le même génie d'imitation a présidé à l'imposition de tous les noms, qu'est-ce donc qui fait que les langues ne se ressemblent pas? Comment, sorties de la mème source, ont-elles suivi des routes si opposées dans leurs développemens? Quel est le principe générateur de leur différence, et jusqu'où peut-elle aller ?

VI

AVERTISSEMENT DES ÉDITEURS.

La réponse à toutes ces questions constitue l'ensemble de la grammaire générale.

Le vrai système des langues n'a jamais été donné. L'únique but de Bergier ayant été de dissiper les ténèbres répandues sur l'histoire des anciens peuples et sur l'origine de la mythologie, le plan d'une grammaire universelle n'entroit pas dans ses vues ; et si quelquefois il soulève les plus hautes questions de grammaire, il le fait toujours incidemment, afin de répandre plus de jour sur l'objet qu'il se propose d'éclaircir.

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Nous avons essayé de coordonner les principes épars dans les ÉLÉMENS PRIMITIFS, et les confirmant ou les éclairant de nos propres recherches, nous en avons formé une théorie du langage que nous publions à la suite de Bergier, sous le titre d'ESSAI DE GRAMMAIRE GÉNÉRALE.

Quels fruits pouvons-nous recueillir de l'étude et de la comparaison des langues pour l'histoire, la littérature, la métaphysique et la morale, en un mot pour tout ce qui regarde la science de Dieu et de l'Homme?

Nous avons encore essayé de présenter nos idées à cet égard; et si nos premiers aperçus sont trouvés intéressans et fondés, nous poursuivrons avec ardeur nos investigations sur une matière qu'on est loin d'avoir épuisée, et nous ferons tous nos efforts pour mériter de plus en plus, par nos études autant que par les soins que nous apporterons à notre exécution typographique, la bienveillance dont le public nous honorera.

PRÉFACE.

Il y a peut-être de l'imprudence à proposer de nouvelles. idées sur les principes et la formation des langues, après que tant de savans se sont exercés sur cette matière. Oseroit-on se flatter de découvrir ce qu'ils n'ont pas aperçu, et de trouver un système plus satisfaisant et plus complet que ceux qu'ils ont suivis? Sans être aussi habile qu'eux, on peut être plus heureux. Dans toutes les sciences, on ne parvient ordinairement à la vérité qu'après des tentatives réitérées; les travaux de ceux qui nous ont précédés sont autant de pas qui nous en approchent plus nos maîtres ont fait de chemin, moins il nous en reste à faire; et si nous trouvons enfin le vrai, c'est qu'ils ne nous ont laissé qu'un court intervalle à franchir. Déjà plusieurs grands génies ont soupçonné que les racines des langues anciennes pourroient bien être les mêmes que celles des langues modernes ; mais personne n'avoit encore entrepris de le vérifier par un parallèle exact et suivi : il étoit temps d'oser le tenter. Les dissertations que l'on donne au Public ne sont que les préliminaires d'un ouvrage plus considérable dont elles développent les fondemens et la méthode. Si elles sont accueillies favorablement, ce sera le plus puissant attrait pour encourager l'auteur à surmonter les dégoûts d'un travail ingrat et pénible; si elles sont rebutées, il doit abandonner entièrement son dessein. L'on auroit pu grossir aisément cet ouvrage par une apparence d'érudition capable d'en imposer au commun des lecteurs; mais on cherche à mériter des suffrages et non pas à les surprendre dans un essai que l'on propose avec timidité, il convenoit de se borner au pur nécessaire. L'Auteur pourra donner de plus amples éclaircissemens à la tête du Dictionnaire des Racines, et il recevra avec reconnoissance et docilité toutes les observations que l'on voudra bien lui adresser par la voie, des Libraires.

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