série de transformations qui en ont fait une abstraction si composite et si vague qu'on ne saurait plus reconnaître aucun lien entre elle et ses fondateurs? A - toutes ces questions on pourrait se contenter de répondre par la citation pure et simple du chapitre dont nous parlons. Nous ne nous sommes pas fait faute d'y avoir recours pour éclaircir notre exposé général de la doctrine de Paul; il va maintenant nous servir à justifier de point en point cet exposé. Quelque faux et irrationnel que soit un enseignement, il peut, s'il est administré dès la plus tendre enfance, devenir une seconde nature intellectuelle, plus forte que la première, et très-capable d'imposer toujours silence aux réclamations de celle-ci. Mais, présenté à des adultes, il faut nécessairement qu'il offre d'autres conditions de succès. Parmi ces conditions de succès, l'enseignement de Paul possédait la plus essentielle, puisque cet enseignement était et se nommait lui-même une BONNE NOUVELLE, c'est-à-dire l'annonce d'un événement formel, imminent, et intéressant personnellement au plus haut degré chacun de ceux auxquels il s'adressait. Pour s'assurer une égale prise sur les esprits, un enseignement qui se proposerait un but analogue ne devrait-il pas, le plus possible, chercher avant tout à se réduire, comme celui de Paul, à l'annonce d'un fait individuel, défini, et résultant, non d'un événement, mais de conditions facultativement productibles et aisément intelligibles? Quel était ici le résultat individuel, intéressant au plus haut point chacun de ceux auxquels s'adressait l'apôtre? C'était la persistance de la vie dans leur corps. Ce fait pouvait se produire de deux manières : soit par une transformation opérée dans la tombe, soit par une transformation opérée, en pleine vie, pour ceux qui atteindraient sans mourir le jour de Jéhovah. Ce qu'il importait surtout de démontrer et d'opposer au spectacle quotidien de la mort des fidèles, c'était la possibilité du premier mode de transformation, c'est-àdire de la résurrection. De ceci, l'apôtre n'avait qu'une démonstration à donner; et, telle qu'elle était, il la jugeait si nécessaire qu'il reconnaissait que, sans elle, sa prédication perdait toute raison d'être. La démonstration était aussi simple que brève, car elle se réduisait à cet énoncé : « La résurrection est possible, puisqu'il y. en a déjà eu un cas. » Ceci posé, il ne restait plus qu'à faire voir: 1o que ce cas pouvait se reproduire; 2o qu'il y avait pour cela des conditions déterminées; 3o que la transformation aurait lieu de telle manière pour les morts, de telle autre pour les vivants; 4o enfin, que l'état dans lequel persisteraient désormais les habitants de la terre (terreni) serait exactement le même que celui des habitants du ciel (cœlestes). Ces renseignements, dé taillés, précis, présentant tous à l'imagination de chacun la figure exacte et saisissable des phases diverses qu'il devait traverser, se trouvent réunis dans le chapitre.que nous allons citer presque en entier. La partie faible de l'argumentation de Paul était précisément ce point de départ, cette base unique, qu'il reconnaissait lui-même si indispensable. Car, - s'il est permis d'introduire ici les termes consacrés de la logique ordinaire, ce point de départ, d'origine indirecte, au lieu d'être une certitude, n'était en réalité, de sa part, que la plus frappante des pétitions de principe; mais, par un prodige de combinaison dont on chercherait en vain une autre application dans les annales de l'esprit humain, cette pétition de principe devenait très-supérieure à une certitude, puisque c'était d'elle que naissait, sous le nom de foi, le mérite qui transportait la certitude au-delà de l'événement annoncé. L'apôtre coupait court à toute objection sur ce point, en donnant lui-même, le premier, l'exemple de cette foi méritante qu'il réclamait des autres. « Je vais maintenant, dit l'apôtre, vous remettre devant les yeux la bonne nouvelle (evayyéλtov, évangile) que je vous ai prêchée, que vous avez reçue, dans la croyance de laquelle vous demeurez fermes, et par laquelle vous serez sauvés si vous l'avez retenue telle que je vous l'ai annoncée, et si ce n'est pas en vain que vous avez em brassé la foi. Premièrement, je vous ai donné ce que j'avais moi-même reçu, savoir: que le Messie, l'oint de notre Dieu, est mort pour nos péchés, selon nos Écritures; qu'il a été enseveli et qu'il est ressuscité le troisième jour, selon les mêmes Écritures; qu'il s'est fait voir à Pierre et puis aux onze autres... » << Puis donc qu'on vous a prêché que le Christ est ressuscité d'entre les morts, comment se trouve-t-il parmi vous des personnes qui osent dire que les morts ne ressuscitent point? Si les morts ne ressuscitent point, le Christ n'est donc point ressuscité. Mais si le Christ n'est point ressuscité, notre prédication est vaine et votre foi est vaine aussi; nous sommes même convaincus d'être de faux témoins d'Adonaï comme ayant rendu contre lui ce faux témoignage qu'il a ressuscité son Christ, encore bien qu'il ne l'ait pas ressuscité... Si le Christ n'est pas ressuscité, je le répète, votre foi est vaine; vous êtes encore dans vos péchés (c'est-à-dire, dans la loi du péché et de la mort), et ceux qui sont morts en Jésus ont malgré cela péri (c'est-à-dire, qu'ils sont morts tout entiers sans espoir de résurrection, comme ceux qui étaient morts sans la foi). » « Ah! si nous n'avions d'espérance dans le Christ que pour cette vie (c'est-à-dire, si la mort de Jésus ne servait pas plus à ses fidèles, que la Torah ne servait aux Juifs), nous serions les plus misérables de tous les hommes. Mais le Christ est ressuscité d'entre les morts, et il est devenu les prémices (la garantie d'une transformation semblable) de ceux qui dorment (dormientium; - pour ceux-ci seulement, jusqu'au jour du jugement, la mort n'était qu'un sommeil; les autres n'étaient pas nommés dormientes, parce que la mort était pour eux un anéantissement complet, par suite de l'ancienne condamnation à mort de tous les descendants d'Adam). » « Ainsi, parce que la mort est venue par un homme, la résurrection des morts doit venir aussi par un homme; comme jusqu'ici tous sont morts en Adam, tous ceux qui revivront, revivront en Jésus le Christ. Jésus a commencé ; ce sera maintenant à ceux qui sont à lui et qui attendent son retour. Ensuite, viendra la fin, lorsqu'il aura remis la royauté à Adonaï son Père, et qu'il aura détruit tout empire, toute domination et toute puissance (Daniel). » Ici l'interprétation du chapitre vi de Daniel, et du psaume 110 de David, auquel remonte le premier tableau de l'événement ainsi compris, conduit à une distinction très-nette entre le Père et le Fils et à une distribution formelle des rôles. Quand tout serait terminé et que le règne du bonheur éternel serait établi, le véritable Roi serait toujours Jéhovah, et Jésus ne serait que son représentant sur la terre; mais le texte prophétique enseignait que le pouvoir souverain appartiendrait à Jésus pour opérer jusqu'à la fin la rénovation, dont le |