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16 P. LETHIELLEUX, Éditeur, 10, rue Cassette, PARIS

comparée. Une dissertation de psychologie animale suit le cours de biologie.

Hâtons-nous d'ajouter que cette psychologie est toute d'ordre sensitif et ne concède à l'animal rien de ce qui est l'apanage exclusif de l'homme, encore qu'aux débuts du chapitre on pourrait s'y tromper.

Après la psychologie animale vient un vaste ensemble de considérations sur la science en général, sur l'âme humaine, sur les forces de la nature,sur l'espace, le temps, le mouvement, l'énergie, la pensée, et ce que l'auteur appelle « les cinq ordres de principes immatériels, » principes d'individuation des corps bruts comme des corps organiques, organisés, sensitifs et enfin animés par l'âme spirituelle. C'est, bien que le nom n'en soit pas prononcé, toute une théorie hylémorphique particulière à l'auteur. La loi de causalité implique. nécessairement une cause « adéquate » (nous dirions : « supérieure ») à l'univers, laquelle est Dieu. Réfutation du panthéisme et des diverses objections opposées à la personnalité et à l'absolue sagesse de cette cause première. Vie future et existence d'esprits autres que l'âme humaine et supérieurs à elle, déduites du plan général de l'univers, de la téléclogie et de la hiérarchie des êtres.

Arrivé au chapitre final sur l'évolution telle qu'il la comprend, l'auteur en fait ressortir, avec une logique serrée, le caractère théiste et téléologique, et combat, comme l'avons dit, les théories de Darwin.

nous

(Polybiblion)

C. DE KIRWAN

PHILOSOPHIE MORALE ET SOCIALE

Par le R. P. DE PASCAL

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L'ouvrage est divisé en éthique et en droit naturel, ou en philosophie morale et sociale: la première partie comprend une étude sur l'acte humain, la loi, et le droit social en général.

Après quelques aperçus sur le bien métaphysique, l'auteur nous montre que la fin de l'homme et son bonheur suprême consistent dans la possession de Dieu par la connaissance et l amour.

Mais, pour que l'homme réalise sa fin, il ne suffit pas qu'il la connaisse, même comme son bien suprême, il faut qu'il conforme ses actes aux exigences de sa fin, et il ne le fera que s'il existe pour lui obligation de s'y conformer, le devoir. A l'encontre de Kant, qui confond l'honnête et l'obligatoire, le P. de Pascal nous montre la connexité de la loi naturelle et du devoir avec la loi éternelle et divine. Fondée sur les rapports immuables de la nature de l'homme et de sa destinée suprême, la loi naturelle qui se manifeste à l'intelligence humaine est objectivement identique à la loi éternelle, dont elle n'est qu'une application au gouvernement de l'homme.

Plus loin l'auteur traite de la conscience « jugement empirique sur la moralité des actes à faire par la comparaison de l'acte avec la loi, témoignant donc simplement de la moralité de l'acte et n'atteignant pas la moralité dans son essence ». A propos de l'im pératif moral, il critique les grandes erreurs morales de notre époque, distinguant deux principaux systèmes : l'évolutionnisme de Spencer et le rationalisme de Kant.

La sociologie générale établit l'origine naturelle de la société et fait justice des aberrations de Rousseau, Hobbes et Puffendorf. Le but de la société est d'assurer l'ordre dans les relations essentielles des hommes entre eux, au moyen de la justice. Les fausses conceptions du droit, règle de la justice, ne manquent pas et tour

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à tour l'auteur les rencontre : Spencer, avec son évolutionnisme, consacre le triomphe des plus forts et aboutit à l'utilitarisme de l'espèce, comme Stuart Mill en vient à l'utilitarisme individuel. D'un autre côté, le philosophe de Koenigsberg, divinisant en quel. que sorte la volonté humaine, n'envisage le droit que comme une restriction à la liberté, pour permettre l'éclosion de la liberté d'autrui. Identifiant la divinité avec le monde, Hégel investit la volonté géné ale du pouvoir législateur suprême, et son panthéisme philosophique, descendu au forum avec les socialistes, personnifie cette divinité vague et impersonnelle dans le Dieu-État.

Dans sa philosophie sociale ou droit naturel, le P. de Pascal applique les principes de la morale aux différentes relations de l'homme avec Dieu, avec ses semblables et avec le monde extérieur. De là quatre divisions: 1° l'homme et Dieu, 2° l'homme et sa personnalité, 30 l'homme et ses semblables, 4 l'homme et le monde extérieur.

Notons surtout la section qui traite de la société civile, où l'auteur touche aux questions les plus délicates, comme le droit de résistance au pouvoir, les formes de gouvernement. Etudiant, dans l'économie politique, les rapports de l'homme avec le monde extérieur, l'auteur envisage, à tour de rôle, l'organisation du travail, la distribution des moyens et des instruments de travail, la répar tition des produits du travail. Il s'élève avec force contre le libéralisme, qui laisse à la liberté individuelle le soin de réaliser l'ordre économique et met en présence la classe des capitalistes, possédant les instruments du travail, et la classe des prolétaires privés de capital. La liberté industrielle produit la libre concurrence qui fait dépendre la vie et la subsistance des travailleurs d'une lutte dont la victoire restera au plus fort. Plus conforme à la nature humaine, le système de l'association professionnelle règle la liberté individuelle, respecte la juste indépendance de la personnalité Lumaine, arrête la concurrence illimitée, garantit même les intérêts des consommateurs et fournit au point de vue politique les éléments d'une véritable représentation nationale.

La critique ne manquera peut-être pas d'attaquer mainte théorie défendue par le P. de Pascal, mais, grâce aux sages réserves dont l'auteur les entoure, on ne peut voir en lui un novateur imprudent. Il est difficile et dangereux même d'être neuf dans un traité de philosophie morale. Le P. de Pascal s'est montré actuel: ce n'est pas là son moindre mérite.

J. M.

LA MORALE STOICIENNE

EN FACE DE

LA MORALE CHRÉTIENNE

Par l'abbé A. CHOLLET

Docteur en théologie et en philosophie, professeur à l'Université

catholique de Lille.

In-12.....

3.50

La question des rapports du christianisme et de la philosophie stoïcienne est un vieux proverbe rajeuni de nos jours, une vieille querelle réveillée en ces derniers temps.

Les premiers apologistes de la doctrine du Christ eurent à la défendre contre les païens ou leurs amis, lesquels assu raient que le paganisme avait apporté à Jésus la meilleure et la principale part de son enseignement.

Les siècles de foi ne posèrent pas même la question, tant la solution leur en paraissait évidente et certaine.

Et voici qu'une nouvelle école a repris l'attaque. Pour ne

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citer qu'une partie de ses adhérents, MM. Miron, Proudhon, Garcin et Saisset, prétendent démontrer que le christianisme a puisé sa morale surtout dans la philosophie du Portique. M. Deschanel ne craint pas d'avancer que la morale dite chrétienne ne contient pas une idée, un sentiment, une parole qu'on ne puisse retrouver chez les philosophes antérieurs. Il se publie à Leipzig plusieurs ouvrages dont le dessein est de soutenir la même thèse.

M. Havet, en deux volumes, explique comment notre religion n'est qu'un développement naturel et spontané des civilisations grecque et gréco-latine.

M. Renan, dans son livre sur Marc-Aurèle et la fin du monde antique, proclame hautement qu'avant le christianisme la philosophie avait tout vu et tout dit, excellemment.

Un autre, M. Tissot, va plus loin encore, et nous apprend que si, en morale, la méthode, l'ordre, la clarté, la précision, sans parler du talent et du charme, doivent entrer en ligne de compte, Platon, Aristote, Cicéron, Sénèque l'emportent sur les auteurs des lettres apostoliques et sur S. Paul.

Le sujet, on en conviendra, ne manque ni d'importance, ni d'opportunité. Mgr Salvatore Talamo, un des plus distingués théologiens et philosophes d'Italie, professeur honoraire d'une faculté de théologie de France, vient de l'aborder et de le traiter avec toute la compétence que son ouvrage sur l'Aristotelisme de la scolastique nous avait depuis longtemps révélée et que de nombreux travaux n'ont fait que rendre plus évidente.

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