DE L'HISTOIRE UNIVERSELLE PAR PREVOST-PARADOL Paris LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie RUE PIERRE-SARRAZIN, No 14 (Près de l'École de médecine) 1854 PRÉFACE. L'étude de l'histoire particulière des peuples n'est, à vrai dire, qu'une préparation nécessaire à une étude plus générale et plus élevée. Les grands événements de l'histoire laissent chez les peuples qu'ils agitent une trace partout différente et y reçoivent l'empreinte du génie national. Ne les connaître que par le rôle que tel ou tel peuple y a joué, c'est n'en avoir qu'une idée incomplète on sait l'histoire de quelques nations; mais, selon la belle expression de Bossuet, « on ignore le genre humain. » Il faut donc étudier ces événements en eux-mêmes, comprendre la suite naturelle qui les unit les uns aux autres, et entrevoir ainsi la destinée générale du monde. C'est l'œuvre de l'histoire universelle; c'est le but qu'on s'est proposé d'atteindre dans cet ouvrage. Les peuples n'y occupent donc pas la première place, et leur histoire particulière, que le lecteur doit connaître, y est subordonnée à l'histoire du genre humain. On y étudie ses tendances et les vicissitudes qui en accompagnent le développement. On cherche dans ce qu'il a fait ce qu'il a voulu; on suit à travers l'enchaînement de ses actions le cours régulier de sa pensée. Dans la multitude d'événements qui remplissent sa vie, on choisit ceux qui parlent le plus clairement de sa destinée, ceux que prépare un long passé et qui renferment en eux tout un avenir. On les dégage des accidents fortuits qui peuvent en obscurcir le sens et la portée, comme, dans l'histoire d'une guerre, on court à travers les mille rencontres où se joue la fortune, pour s'arrêter aux grandes combinaisons où une pensée intelligente a déposé le secret et le sort de l'entreprise. C'est ainsi que l'objet même de notre ouvrage en a déterminé le plan. Les divisions n'y sont point arbitraires; elles ne sont pas non plus assujetties à une certaine symétrie chronologique, à la durée d'un règne ou d'un siècle. Chacun de nos Livres est l'histoire d'une idée, et, autour du fait principal qui la représente, viennent se grouper ceux qui en ont secondé ou contrarié les progrès. Lorsque l'histoire de cette idée s'unit étroitement à celle d'un peuple, ce peuple tient la première place, pour la céder bientôt à celui qui représentera d'une manière plus complète et plus frappante, soit la même idée, soit une idée nouvelle. On ne s'étonnera donc pas de voir l'histoire de la civilisation ancienne |
