DE L'ASSISTANCE ET DE L'EXTINCTION DE LA MENDICITÉ PAR M. A. DE MAGNITOT PRÉFET DE LA NIÈVRE OFFICIER DE L'ORDRE IMPERIAL DE LA LÉGION-D'HONNEUR. Mendicus non erit inter vos.... DEUTERONOME. PARIS LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE 56, RUE JACOB M DCCC LVI INTRODUCTION. L'une des questions les plus importantes qui aient été depuis long-temps soumises aux méditations des philosophes, des économistes ou des administrateurs, est sans contredit l'œuvre de l'extinction de la mendicité. Ces mots seuls éveillent encore dans certains esprits des sentiments de doute ou d'incrédulité, et beaucoup de personnes restent convaincues que le problème est insoluble. Elles invoquent d'ailleurs l'autorité des faits, et rappellent l'impuissance des tentatives qui ont eu lieu de tous les temps et sous tous les régimes. De nouveaux essais leur paraîtraient superflus; aussi, tout en déplorant les abus de la mendicité, elles ne craignent pas de condamner à l'avance les efforts qui pourraient être inspirés à l'administration par le désir de s'attaquer à cette lèpre sociale. En présence de ces idées préconçues, nous avons senti nous-même nos convictions ébranlées, et nous nous sommes demandé s'il n'y aurait pas quelque témérité de notre part à entreprendre, à poursuivre l'accomplissement d'une œuvre que l'opinion publique semblait envisager avec tant de défiance. Cependant, de semblables appréhensions n'étaient pas de nature à nous empêcher d'aborder l'étude et l'examen sérieux d'une question aussi grave. Cette occasion nous ayant même été spécialement offerte dans deux des départements dont la direction nous a été confiée depuis quelques années, nous avons considéré comme un devoir de rechercher les moyens qui pourraient nous permettre de prévenir le mal dans sa cause, de Patteindre dans ses effets, et surtout d'associer au succès de notre entreprise l'ensemble des populations. Seulement, nous avons pensé qu'avant de prononcer l'interdiction de la mendicité, il fallait songer à venir en aide aux véritables indigents; nous avons pensé qu'avant de prohiber des habitudes entretenues par une charité souvent inintelligente et trompée, il fallait créer des secours permanents pour les besoins sérieux, et des soulagements pour toutes les souffrances. L'assis tance devait donc précéder la répression. Son organisation pouvait seule concilier d'honorables scrupules; elle répondait aux instincts généreux de la bienfaisance. Ce point de départ une fois arrêté, nous nous sommes mis à l'œuvre. Nous avons fait appel aux sentiments charitables de tous les habitants. Soutenu par la justice et par la moralité du but que nous nous étions proposé; encouragé par l'appui bienveillant du clergé, nous avons entrepris résolument notre tâche, et nous l'avons poursuivie avec persévérance. Dans toutes les communes où il n'existait pas de bureaux de bienfaisance, des commissions charitables ont été instituées; des délégués cantonaux, choisis parmi les hommes les plus éclairés et les plus influents de chaque circonscription, ont été nommés. Ils avaient pour mission de stimuler le zèle des commissaires chargés de recueillir des souscriptions, et d'aurer à l'œuvre que nous voulions instituer le caractère de durée qui seule pouvait constituer sa force, en obtenant des engagements à long terme. Les objections avaient été prévues, et des instructions détaillées répondaient à l'avance à tous les arguments. Nous nous sommes transporté nous-même sur les points les plus importants, et dans des conférences auxquelles avaient été appelés MM. les Membres du con |