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Imprimee à Saint-Pétersbourg, en 1785, par les soins du prince GREGOIRE POTEMKIN

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ÉTUDES SUR LA QUESTION RELIGIEUSE DE RUSSIE

LA PRIMAUTÉ DE SAINT PIERRE, PROUVÉE PAR LES TITRES
QUE LUI DONNE L'ÉGLISE RUSSE DANS SA LITURGIE,
Paris, Palmé, 1867.

THE POPE OF ROME AND THE POPES OF THE ORIENTAL
ORTHODOX CHURCH, London, Longmans, 1871.

Même ouvrage en français.

LE PAPE DE ROME ET LES POPES DE L'ÉGLISE ORTHODOXE
D'ORIENT. Paris, Plon, 1874. (A paraitre prochainement.)

L'AVENIR DE L'ÉGLISE RUSSE. Paris, librairie de la Société bibliographique, 1874.

INTRODUCTION

I. Pourquoi nous publions le « Réglement ecclésiastique;

importance de ce docu

ment.-État de l'Église russe au temps de Pierre Ier. Théophane Prokopovitch, auteur du « Réglement. >>

II. La langue russe au temps de Pierre Ier.

Le « Réglement » comme monument

littéraire. Premières éditions du « Réglement. »>

-

III. Traductions du « Réglement » en diverses langues : en allemand, en anglais,
en grec moderne. - Traduction latine imprimée à Saint-Pétersbourg en 1785.
IV. Notre traduction française. Les notes au « Réglement; » raison de leur éten-
Sources auxquelles nous avons puisé.

due.

C'est pour contribuer à hâter la délivrance de l'Église russe que nous publions le Règlement ecclésiastique de Pierre le Grand. Rien n'est plus éloquent que la vue même de la souffrance; cette pensée nous a guidé dans le choix de cette publication. Nous voudrions intéresser à la situation religieuse de la Russie tous ceux qui sentent la dignité, la valeur et l'indépendance de leur âme; qui, catholiques ou non, pensent que Dieu seul, et l'autorité mandataire de ses volontés, ont le droit de commander aux consciences; qui, enfin, sont convaincus que cette « royale liberté » nous a été conquise par le sang de Jésus-Christ, et ne veulent pas rejeter légèrement un trésor acheté à un tel prix. Or, rien ne saurait mieux intéresser à la situation religieuse de la Russie ceux qui partagent ces convictions, que de connaître le Code religieux, encore en vigueur aujourd'hui, imposé par les Tsars à l'Église russe et d'entendre le langage que lui tiennent ses dominateurs.

Pierre le Grand se vantait d'avoir été supérieur à Louis XIV en un point. « J'ai forcé, disait-il, mon clergé à l'obéissance et à

la paix, et Louis XIV s'est laissé dominer par le sien 1. » C'est pour obtenir cette supériorité sur le souverain français, qu'il avait fait rédiger le « Règlement » et l'avait imposé de force aux dignitaires de son Église. Pierre non-seulement en était satisfait, il en était fier; il considérait le « Règlement, » comme son chef-d'œuvre, et l'appelait avec ironie son Patriarche. Politiquement, ce document est, en effet, un chef-d'œuvre, et Machiavel lui-même n'en eût pas désavoué la paternité.

En d'autres temps, la publication du « Règlement >> eût pu être dangereuse. On aurait admiré le talent qu'il révèle, et le génie aurait fait oublier le despote. De nos jours, nous ne pensons pas qu'un tel danger soit à craindre : l'instruction ayant été généralisée, il est assez commun de trouver des esprits qui se croient très-sincèrement supérieurs et, comme tels, ne subissent pas volontiers l'ascendant du talent. D'ailleurs, tout le monde. possède aujourd'hui quelque teinture d'histoire, assez du moins pour comprendre que, s'il y a un fléau pour les peuples, c'est bien le talent mis au service du despotisme.

Despotisme! ce mot est bien dur, et même en parlant de Pierre Ier, nous voudrions en atténuer la portée. Dans l'impossibilité de nier le fait, nous obéissons à un sentiment de justice en déclarant que, si Pierre a été un despote, il faut en faire remonter la responsabilité à ceux qui eurent de l'influence sur ses convictions religieuses, plus qu'à lui-même. Ce n'est pas de luimême, ni d'après l'enseignement religieux de son Église, que Pierre se forma des idées aussi exagérées sur l'étendue de son pouvoir. Jusqu'à son avénement au trône, l'Église russe n'avait pas encore abdiqué son indépendance; en principe, du moins, elle ne reconnaissait pas au Tsar le droit de la gouverner. C'est dans les pays protestants, en Hollande et en Allemagne, que Pierre apprit la théorie de la double puissance des souve

(1) VOLTAIRE, Histoire de Pierre le Grand, II part., ch. XIV.

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