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des anciens Auteurs Azarca, & la Medie Occidentale, ou mineure, qu'on nomme auffi Atropatie, ou Atropatene. L'Affyrie eft une partie de la haute Armenie. Les Perfans difent que cette Province a été appellée Azerbeyan, c'est-à-dire, lieu de feu, ou pais de feu; à caufe que le plus célébre Temple du feu y étoit bâti; qu'on y gardoit un feu que les Ignicoles croyoient Dieu: & que le grand Pontife de cette Religion y refidoit. Les Guebres, qui font les restes des Ignicoles, montrent ce lieu à deux journées de Chamaky. Ils affurent, comme une verité conftante, que le feu facré y eft encore; qu'il reffemble au feu mineral & fouterrain; & que ceux qui vont là par dévotion le voyent en forme de flamme. Ils ajoûtent une autre particularité, qui est une bonne plaifanterie, favoir qu'en faisant un trou en terre, & mettant une marmite deffus, ce feu la fait bouillir, & cuit tout ce qui eft dedans.

Pour revenir au nom d'Azer-beyan, l'Etymologie en eft jufte, car az eft l'article du Genitif Er, ou Ur, qui en vieux Perfan, comme en la plupart des anciens Idiomes Orientaux, veut dire feu; & Paican fignifie lien, ou pais. Je n'ignore pas que quelques gens lifent & prononcent, Afur-paican, c'est-à-dire, païs d'Affur; & difent, que cette grande Province a été ainfi appellée, parce qu'elle contient r'Affyrie, qui, au fentiment de tous les Auteurs, a eu fon nom d'Affur; mais c'est la même chofe à mon avis car je croi que ce nom d'Affur vient de as Ur, c'eft-à-dire, du feu. Moyfe parlant de Nimrod, ce Prince idolatre, qui introduifit le culte du feu, & qui

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envahit la Caldée, le partage & patrimoine de Sem, dit, que les fils de ce Patriarche s'en retirérent; & qu'Affur en étoit un. Or il est affez vrai-femblable que cet Alur fut ainfi nommé pour s'être retiré, ou du culte du feu ; ou de Caldée, qu'on appelloit alors le pais du feu; comme il paroît au Chap. 11 de la Genefe, & en tous les anciens Auteurs; qui rapportent unanimement que la Caldée s'appelloit le pais d'Ur, ou le pais du feu. Et Ptolomée fait mention d'une ville de ce païs-là, qu'il nomme Urcoa, c'est-à-dire, lieu, ou place du feu; ga, par un a long, ou double, étant un mot Perfan, qui fignifie lieu, place, endroit. Les noms anciens ont été fi fort changez par la négligence, ou par l'ignorance des Copistes, & par les differences du langage, & de la prononciation des Auteurs, & des Traducteurs, que quand il s'agit de confronter les noms anciens avec les modernes, il ne faut pas rejetter tout ce qui n'a pas une entiére reffemblance. Ce qu'on vient de dire, fait voir l'erreur de ceux qui ont écrit, que l'Azerbeyan eft la partie Septentrionale de la Syrie, & que ce nom d'Azer-beyan vient d'une ville nommée Ardoebigara, qui étoit la Capitale du païs. Les Perfans le divifent en trois parties, Azer-beyan, Chirvan, & Chamaky. Strabon ne le divife qu'en deux, au livre 11. qu'il appelle majeure & mineure. Ptolomée, & les autres Géographes celébres, n'en font aucune divifion.

Le 14. nous fimes cinq lieuës par un païs plein de colines fur la même route des jours précédens, favoir au Nord-Ouest, laiffant à gauche cette grande Campagne, qui a été le

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champ des fanglantes batailles qui fe font données ces derniers fiécles, entre les Perfans & les Turcs. Les gens du païs y font obferver un grand monceau de pierres, comme marquant l'endroit où commença celle qui fe fit entre Selim fils du Grand Soliman, & Ifmaël le Grand. Nôtre traite fe termina à Alacou, Les Perfans difent que ce lieu a été ainfi nommé d'Alacou, ce fameux Prince Tartare, qui conquit une partie de l'Afie, & qui fonda là une ville, que les guerres des Perfans & des Turcs ont ruïnée.

Le 15. nôtre traite ne fut pas plus longue que le jour précédent, mais le chemin par où nous la fîmes étoit plus uni & plus facile. Nous logeâmes à Marant. C'est une bonne ville, compofée de deux mille cinq cens maifons; & qui a tant de jardins qu'ils occupent encore plus de terrain que les maifons. Elle eft fituée au bas d'une petite montagne au bout d'une plaine, qui a une lieuë de large, & cinq de long; & qui eft la plus belle & la plus fertile qu'on puiffe voir. Un petit fleuve, nommé Zelou-lou, paffe par le milieu. Les gens du païs le tirent en plufieurs ruiffeaux , pour arrofer leurs terres & leurs jardins. Marant eft plus peuplée que Nacchivan, & beaucoup plus belle. Il y croît des fruits en abondance, & les meilleurs de toute la Medie. Ce qu'il y a de particulier, c'est qu'on cueuille de la Cochenille aux environs mais il y en a fort peu; & on ne la peut recueillir que durant huit jours en Eté, lors que le Soleil eft au figne du Lyon. Avant ce tems, comme l'affurent les gens du païs, elle n'eft pas en maturité, & plus tard le ver, dont on Tome II.

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la tire perce la feuille, fur laquelle il croît, & fe perd. Les Perfans appellent la Cochenille Quermis, de Querm, c'est-à-dire, ver, parce qu'on la tire des vers.

Marant eft à 37 deg. 50 m. de lat. & à 81 deg. 15 m. de long. fuivant l'obfervation des Perfans. On croit que c'eft la ville que Ptolomée appelle Mandagarana. Je n'en ai point fait faire de plan, non plus que de la vilje de Nacchivan, parce qu'elles ne m'ont paru, ni affez célébres, ni affez belles pour cela. Les Armeniens ont par tradition, que Noé a été enterré à Marant, & que ce nom vient d'un verbe Armenien qui veut dire enterrer. On voit de Marant, quand le tems eft ferain, le Mont où s'arrêta l'Arche qui fauva ce Patriarche du Deluge. On le voit auffi de Tauris, à ce que les gens du païs affurent, lors que le Ciel n'a aucuns nuages,

Le 16. nous fimes quatre lieuës, toûjours tournant entre des montagnes qui s'approchent fort en quelques endroits, mais qui ne fe joignent nulle part. Nous arrivâmes à dix heures du matin à Sofian; c'eft une petite ville bâtie en une plaine, où il y a beaucoup d'eaux, & de jardins. Le terroir en eft admirablement fertile. Des Auteurs croient que c'eft l'ancienne Sofia de Medie. D'autres tiennent qu'elle a été nommée Sofian des Sofis, qui y établirent leur demeure, lors qu'Ifmaël premier quitta Ardevil, & transporta la Cour à Tauris.

Le foir le Sieur Azarie, cet honnête homme Armenien, dont l'on a parlé, prit les devans avec mes paffeports & les Lettres de recommendation, que j'avois prifes des Gou

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